EQUIPO NIZKOR |
|
15sep08
L'APG IG publie un communiqué sur le massacre de El Porvenir, le pillage du siège des organisations indigènes et demande que le procureur général soit remplacé
Communiqué
A l'intention de l'opinion publique nationale et internationale
Suite aux graves évènements qui se sont produits en République de Bolivie, et parmi lesquels nous distinguons les suivants :
- 1) Le massacre perpétré le 11 septembre 2008 dans la banlieue de la municipalité de El Porvenir, 30 kilomètres de la ville de Cobija, la capitale du département de Pando, où ont été assassinés au moins 30 paysans, selon le rapport officiel du gouvernement.
Selon tous les témoignages recueillis, les auteurs présumés de ces actes d'extermination sont des tueurs organisés et instrumentalisés par les autorités du département de Pando.
- 2) L'attaque, le pillage et la destruction du siège du Coordination des peuples ethniques de Santa Cruz (CPESC) qui se sont produits le 11 septembre 2008 dans la ville de Santa Cruz de la Sierra, et ont été dénoncés publiquement par cette organisation soeur dans son communiqué du 14 septembre 2008
- 3) L'attaque et le pillage du siège de la Confédération des peuples indig nes de Bolivie (CIDOB) qui ont eu lieu le 11 septembre 2008 dans la ville de Santa Cruz de la Sierra et que cette organisation a dénoncé dans un communiqué rendu public le 14 septembre 2008
- 4) L'attaque et le pillage du siège de l'organisation Centre d'études juridiques et d'investigation sociale (CEJIS) qui ont eu lieu le 9 septembre 2008 dans la ville de Santa Cruz de la Sierra, comme le signale un communiqué public de cette organisation du 10 septembre 2008.
Le Comité exécutif de l'APG IG et les Mburuvichas zonales et communales, en vertu de leurs attributions légitimes et légales :
DÉCLARENT :
- 1) Nous exprimons notre solidarité avec toutes les organisations indigènes de Santa Cruz de la Sierra touchées par ces pillages à caractère purement raciste.
- 2) Nous exprimons notre solidarité avec les victimes du massacre de El Porvenir, dont les commanditaires, les organisateurs et les exécuteurs matériels avaient la volonté expresse de commettre un acte d'extermination à but raciste.
- 3) Nous ratifions notre communiqué du 1e mai 2008 sur les faits de Cuevo, dans lequel nous appuyions la déclaration de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) du 25 avril 2008, qui affirme qu'il existe des instruments internationaux appartenant au droit international des droits de l'homme dont la République de Bolivie fait partie et que, par conséquent, ces instruments sont au dessus de la Constitution politique de l'Etat et doivent obligatoirement être appliqués par les juges, les procureurs, ainsi que par chaque autorité gouvernementale ; et nous nous référons plus particulièrement, mais pas exclusivement, à la Convention américaine relative aux droits de l'homme, à la Convention supplémentaire relative à l'abolition de l'esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l'esclavage, ainsi qu'à l'article 8 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Nous demandions aussi au Président de la République que des mesures spécifiques soient prises afin que ces évènements ne se reproduisent pas, appuyant de cette manière la requête de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, qui rappelait à l'Etat bolivien « son devoir d'adopter les mesures nécessaires pour éviter que cela se répète et pour conduire une enquête et sanctionner les responsables, dans le respect stricte des droits de l'homme ».
- 4) Selon la documentation judiciaire en notre possession, nous constatons avec une profonde consternation qu'il n'y a pas eu d'enquêtes du procureur général de la République sur les faits de Cuevo ainsi que sur d'autres actes de violence raciste, comme cela aurait dû être le cas conformément aux normes internationales de la procédure régulière conforme la loi. De même, il ne nous semble pas que des mesures préventives aient été adoptées pour garantir que ses faits ne se reproduisent pas. Selon ce qui ressort des faits, il semble que même la police n'a pas agi de manière préventive.
- 5) Nous insistons sur le fait que le procureur général de la République doit agir en accord avec l'article sixième de la loi organique du Ministère public, qui a pour titre « Caractère obligatoire » et selon lequel « le Ministère public, sous sa responsabilité, devra promouvoir d'office l'action pénale publique chaque fois qu'il aura connaissance d'un fait punissable et qu'il existera des éléments factuels permettant de vérifier sa réalisation ».
- 6) Nous réitérons notre requête à l'égard des autorités judiciaires et juridictionnelles afin que celles-ci procèdent à la poursuite pénale des responsables de ces faits. Si, comme nous le croyons, des autorités ayant le devoir d'appliquer la législation internationale et nationale ont participé à la planification de ces actes, étant donné leur caractère de fonctionnaire public ou d'autorité élue, il faudra considérer cela comme une circonstance aggravante dans l'analyse de leur conduite. De même, cela devrait mener à la suspension préventive de leurs fonctions jusqu'à ce qu'on ait enquêté et éclairci leurs responsabilités.
- 7) Nous appuyons explicitement la requête présentée par l'Organisation indig ne Chiquitana dans son communiqué du 12 septembre 2008, dans lequel elle « REQUIERT explicitement du Président Evo Morales Ayma qu'il respecte la Constitution et les lois de la République, les conventions et les traités internationaux de protection des droits des peuples indigènes, en appliquant de manière immédiate des mesures constitutionnelles de conservation et de préservation de l'ordre public et, par conséquent, qu'il protège immédiatement nos territoires et nos ressources naturelles (Art.8 inc.a) ; Art. 111 de la CPE) face aux menaces de groupes délinquants, violents et fascistes obéissant aux instructions de Rubén Costas et Branco Marincovick, fidèles suiveurs de l'empire nord-américain qui prétendent, par leurs propos incitant à la division, semer le deuil et la douleur dans nos familles, en faisant fi du caractère institutionnel de l'Etat bolivien ».
- 8) Nous demandons à Monsieur le Président de la République qu'il adopte les mesures nécessaires qui garantiront la sécurité des sièges des organisations indigènes, ainsi que l'intégrité personnelle de leurs dirigeants et de leurs membres, en donnant les instructions nécessaires à l'adoption de plans préventifs de sécurité dans ce but.
- 9) Nous considérons qu'il y a eu de l'indulgence de la part du procureur général de la République et des procureurs délégués qui ont enquêté sur les différents actes racistes et de violation grave des droits de l'homme et des droits indigènes ; nous demandons à Monsieur le Président qu'il prenne toutes les mesures nécessaires pour remplacer dans ses fonctions ce haut fonctionnaire et toutes les personnes responsables de ne pas avoir adopté les mesures préventives nécessaires et suffisantes pour éviter ce type de faits.
Entre Ríos, le 15 septembre 2008
Signature des membres du Conseil directeur de l'Assemblée du Peuple Guarani d'Itika Guasu (APG IG)
Never Barrientos, Président
Florentino Zeballos, Vice-président
Fernando Cuellar, Responsable Production
Benito Arce, Responsable Santé
Gregorio Barrientos, Responsable Education
Zacarías Cuellar, Responsable Infrastructure
Benildo Vaca, Responsable Ressources Naturelles
Plácido Rojas, Responsable Communication
Jorge Delfin, Responsable Terre et TerritoireMburuvichas Zonales
Justino Molina, Mburuvicha Zonal, Zone 1
Celestino Virela, Mburuvicha Zonal, Zone 2
Fabián Cayo, Mburuvicha Zonal, Zone 3
Economic, Social and Cultural Rights
This document has been published on 18Feb09 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes. |