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23sep18
«Le Polisario n’a pas besoin du Hezbollah ni de l’Iran pour exister»
La diplomatie marocaine a, de nouveau, tiré les sonnettes d’alarme à propos de l’Iran, qu’elle accuse de soutenir le Polisario pour renforcer son influence dans la région. Des chercheurs expliquent à Sputnik comment Rabat endosse l’ennemi des Américains pour s’attirer leurs bonnes grâces, dans un contexte «délicat» au sujet du Sahara.
Les piques anti-iraniennes sont récurrentes, depuis quelques mois, sous les cieux chérifiens. Depuis le 1er mai, précisément, date de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays à l'initiative du Maroc. La dernière sortie du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a créé quelques remous à Téhéran. Tant la teneur des propos tenus, que le cadre choisi pour ces déclarations, un média néoconservateur américain, posaient problème.
«Les allégations du ministre marocain des Affaires étrangères, données à un média néoconservateur américain des plus extrémistes, sont en harmonie avec l'anti-africanisme de l'actuelle administration américaine», a regretté Bahram Qassemi, chef de la diplomatie iranienne, dans des déclarations rapportées par l'agence de presse officielle de Téhéran, Irna.
Dans ce procès contre l'Iran, les accusations de Bourita portent sur deux points: un présumé soutien militaire du Polisario, par le truchement du Hezbollah, mais aussi les velléités de Téhéran d'étendre son influence en Afrique du Nord et de l'Ouest, en instrumentalisant les conflits régionaux, comme celui du Sahara. Ce soft power se déclinerait politiquement, économiquement et idéologiquement, à travers les Libanais du Hezbollah, installés en Afrique, et dont la percée met à mal l'influence « positive » du contre-modèle marocain, qui prône, lui, un islam sunnite « modéré ».
« Nous pensons que ce qui se passe avec le Polisario n'est qu'une partie d'une approche agressive de l'Iran contre l'Afrique du Nord et de l'Ouest. Nous avons déjà relevé des activités (similaires, ndlr) au Sénégal, en Guinée, en Côte d'Ivoire, et même en Guinée Bissau », ajoute Nasser Bourita dans l'interview au média Breitbart, datant du 16 septembre.
Pour Leslie Varenne, spécialiste de l'Afrique, les propos du ministre marocain au sujet d'une supposée influence de l'Iran et du Hezbollah en Afrique épousent des « raccourcis».
« Effectivement, on compte une importante communauté de "Syro-libanais" en Afrique de l'Ouest et une partie de l'Afrique centrale. Mais c'est un phénomène qui date de…la colonisation. Ce sont des commerçants, chiites pour la plupart, et donc originaires du Sud-Liban. C'est vers cette région que leur argent est souvent rapatrié, et ces fonds sont injectés dans l'économie locale. Alors, le Hezbollah peut en profiter, à ce titre. Mais de là à affirmer que c'est lui qui tire les ficelles, c'est un raccourci», souligne la présidente de l'Institut de veille et d'étude des relations internationales et stratégiques (IVERIS), à Paris.
Les prétentions de l'Accusation se présentent, en outre, comme suit: le Polisario étant ainsi présenté comme la clé de voûte des ambitions iraniennes dans la région, l'administration Trump est priée d'aider le Maroc à faire prévaloir sa démarche, notamment en «concrétisant» son plan d'autonomie, agréé par l'administration Bush en 2006. D'autre part, «le Maroc espère que l'administration Trump encouragera l'injection d'IDE (Investissements directs étrangers) dans l'économie marocaine».
Les médias marocains ont repris l'essentiel des accusations, en prenant soin, pour la plupart d'entre eux, de lisser certains passages dans l'article. Point n'est besoin de reprendre, par exemple, à la suite de l'article américain que «le Royaume du Maroc soutient la politique de l'administration Trump à l'égard de l'Iran», notamment sur la question nucléaire!
[Source: Sputnik News, Moscou, 23sep18]
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