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11fév18
Petit pas ?
Le Front Polisario a confirmé, dans un communiqué publié vendredi, avoir été invité par la Commission européenne afin de discuter des dossiers impliquant le Sahara occidental. Son ministre délégué pour l'Europe a fait savoir qu'au cours de la réunion, il a exprimé ses «profondes inquiétudes concernant les discussions actuelles pour inclure le Sahara occidental dans l'accord commercial de l'Union européenne avec le Maroc, et l'absence d'un processus transparent pour obtenir le consentement du Front Polisario, le représentant légal du peuple sahraoui».
Le fait de consulter le représentant du peuple sahraoui, reconnu depuis 1979 par l'Organisation des Nations unies, constitue-t-il un petit pas dans la modification de l'approche européenne de la question sahraouie ou renvoie-t-il à une simple manœuvre de circonstance ? Y a-t-il vraiment une volonté de la part de l'Union européenne d'aller vers une démarche plus constructive et de s'engager, non seulement à respecter ses propres lois, mais aussi celles de la communauté internationale ?
On sait que les choses bougent, du moment que la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a déjà rendu un avis défavorable sur l'accord agricole, parce qu'il inclut le Sahara occidental, un territoire qui ne relève pas de la souveraineté marocaine.
Il en est de même de l'accord de pêche, dont le sort sera fixé le 27 février et à propos duquel l'avocat général de ladite Cour avait demandé, le 10 janvier, qu'il soit invalidé pour les mêmes raisons. Ce sont des victoires juridiques du Polisario qui s'ajoutent aux récents succès diplomatiques au niveau de l'Afrique et des Nations unies.
Toutefois, pour que ce petit pas ne soit pas une simple manœuvre qui ferait croire que le Polisario a été associé à un accord dont les contours demeurent très opaques, et donc à légitimer un processus peu transparent, il faudra peut-être faire un effort et respecter à la lettre le jugement de sa propre Cour de justice, rendu le 21 décembre 2016, établissant clairement que les accords d'association et de libéralisation UE-Maroc ne s'appliquaient pas au territoire du Sahara occidental.
Si l'Union veut être davantage plus crédible, elle devra jouer un rôle plus actif en soutenant la relance du processus de paix au Sahara occidental, sous l'égide de l'ONU, et veiller à ce qu'aucun obstacle ne soit dressé devant M. Horst Kohler, l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies. C'est le chemin le plus court et le plus juste pour mettre fin aux tensions et promouvoir la coopération entre un Maghreb stable et prospère, et une Europe moins mercantile et plus solidaire.
[Source: El Moudjahid, Editorial, Alger, 11fév18]
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