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14nov17
«Le Sahara occidental est la Chasse gardée de la France depuis Valéry Giscard d'Estaing»
Le Sahara occidental, c'est «la chasse gardée de la France depuis Valéry Giscard d'Estaing, a affirmé le journaliste marocain Omar Brouksy auteur du livre «La République de Sa Majesté, France-Maroc, liaisons dangereuses», qui met en exergue les réseaux d'influence entre la France et le Maroc.
«Le Sahara occidental, c'est la chasse gardée de la France depuis Valéry Giscard d'Estaing. La France n'acceptera jamais qu'il y ait un Etat sahraoui ou que cette région ne soit pas contrôlée, soit par le Maroc ou par la France», a expliqué dans un entretien au journal électronique Médiapart l'auteur du livre qui vient de paraître chez les éditions Nouveau Monde, relevant la «neutralité diplomatique de façade» de la France.
«Bien sûr, il y a une neutralité diplomatique de façade, mais en réalité, le dossier du Sahara est porté par la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il ajouté, rappelant les efforts de la France au sein du Conseil de sécurité en 2015 pour que le projet de résolution sur l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental occupé soit retiré à la dernière minute.
«En 2015, les Américains, qui sont plutôt des alliés du Maroc, ont voulu imposer une résolution élargissant le contrôle des droits de l'homme à la Minurso, mais la France s'est déployée pour que ce projet soit retiré à la dernière minute par les Américains», a-t-il souligné, évoquant par ailleurs l'étendue des réseaux d'influence entre la France et le Maroc qui font que la réalité du Maroc est occultée par des personnalités françaises «qui ont accès aux médias de masse et qui faussent la vision que l'on doit avoir de la monarchie».
Pour cet auteur, qui a mis fin à son itinéraire journalistique après la parution de son premier livre intitulé «Mohammed VI derrière les masques», les liaisons dangereuses entre la France et le Maroc «affaiblissent tous les courants démocratiques» du royaume.
Il affirme que le régime marocain, est «une monarchie absolue qui ne respecte pas les droits humains qui lamine les médias», et «dépense un argent fou pour renforcer et maintenir le réseau d'influence avec la France». «Parfois, c'est le contribuable qui est mis à contribution.
L'objectif est de présenter la monarchie sous les meilleurs auspices. Tout est bon pour y parvenir : festivals, conférences, rencontres, invitations dans des hôtels luxueux, etc. On ne retrouve ce phénomène nulle part ailleurs avec une telle ampleur», a dit l'auteur, dont son livre qui s'inscrit dans la même ligne que celui d'Ali Amar et Jean-Pierre Tuquoi (Paris-Marakech, luxe, pouvoir et réseaux ).
Dans son livre, il explique avoir détaillé plusieurs dimensions, «pas seulement les relations personnelles mais aussi les relations d'Etat à Etat, les dimensions culturelle, économique, financière, toute cette élite française qui tresse les lauriers de la monarchie», évoquant ainsi le rôle de la monarchie, «qui est de plus en plus un opérateur économique, avec des ramifications dans le système économique français».
«On assiste à des alliances entre des groupes contrôlés par le roi, la holding royale SNI notamment, février dernier, grand lobbyiste du Maroc auprès de l'Union européenne, ou encore le cimentier Lafarge», a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Omar Brouksy a soutenu que les réseaux «restent les mêmes» avec tous les chefs d'Etat qui se sont succédés en France, indiquant que la première visite du président Emmanuel Macron, sans aucun ministre, qui a duré moins de 24 heures, «visait à montrer que la proximité relationnelle, affective, parfois irrationnelle, entre les deux pays s'inscrit dans la durée, transcende tout ce qui est codifié, les lois, les règlements».
«Il ne faut pas oublier aussi que Macron connaît le Maroc. Lorsqu'il était associé gérant de la banque d'affaires Rothschild, il a été l'artisan de la transaction financière entre le groupe de Xavier Beulin et la SNI, auquel Beulin a racheté 41% de l'entreprise Lesieur Cristal. Il connaît très bien le système financier et les ramifications de la SNI. Il sait s'adapter à cette réalité. Il va s'inscrire dans la continuité», a-t-il précisé.
[Source: El Moudjahid, Aps, Alger, 14nov17]
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