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27avr17
Le Conseil de sécurité divisé sur l'initiative américaine
Devant statuer sur le projet américain de résolution sur le Sahara occidental, afin de relancer les négociations entre le Front Polisario et le Maroc, les membres du Conseil de l'ONU, qui se sont réunis mardi, ne sont pas arrivés à un consensus.
Réuni mardi pour examiner un projet américain de résolution sur le Sahara occidental, le Conseil de sécurité des Nations unies n'est pas parvenu à un consensus jusque-là, a rapporté hier l'APS. Les discussions ont révélé des divergences entre les membres dudit Conseil. Le projet de résolution visant la relance des négociations entre le Front Polisario et le Maroc a été soumis dans un premier temps au groupe d'amis du Sahara occidental au Conseil de sécurité, mais sans dégager un consensus sur ses propositions, dont celle exigeant le retrait immédiat du Front Polisario de la zone d'Al Guergarat. Devant le refus de plusieurs membres de valider ce texte, la délégation américaine aux Nations unies a soumis ce projet de résolution au reste des membres du Conseil de sécurité avant son adoption prévue aujourd'hui.
Violation du cessez-le-feu par le Maroc
La Russie a qualifié le texte de déséquilibré, alors que l'Uruguay a estimé qu'il ne fournit pas les causes qui étaient à l'origine de la crise d'Al Guergarat, en référence aux violations de l'accord de cessez-le-feu par le Maroc qui a provoqué des tensions dans cette zone tampon surveillée par la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) «Le Maroc et la France sont en train de pousser à l'extrême jusqu'à demander le retrait immédiat et sans condition du Front Polisario d'Al Guergarat», a déclaré le représentant du Front Polisario auprès de l'Organisation des Nations unies (ONU), Ahmed Boukhari.
La France et quelques amis du Maroc ont eu une grande influence sur la rédaction de la première mouture du projet, selon lui. Pour Al Guergarat, «il fallait s'attaquer aux causes et aux conséquences de la crise». Et de préciser que le problème a commencé quand le Maroc a voulu achever un projet de route traversant cette zone interdite par les accords militaires. Et d'ajouter : «La violation des termes du cessez-le-feu était à l'origine de la crise et met en péril tout le processus de paix au Sahara occidental.»
Le Front Polisario a proposé aux Nations unies l'envoi d'une commission technique pour examiner sur le terrain la violation du cessez-le-feu, mais la France et le Maroc s'y sont opposés en essayant d'impliquer le Conseil de sécurité dans la légitimation des actes de Rabat. Il a considéré essentiel de tenir compte de l'échec des négociations de Manhasset en 2007 en intégrant dans ce projet de résolution «des éléments pour que les nouvelles négociations auxquelles le secrétaire général appelle puissent avoir une perspective de succès».
Il a observé que «certaines déclarations françaises sur cet aspect sont contaminées d'une certaine légèreté et d'une certaine complicité tout en sachant que le Maroc ne va pas coopérer dans le cadre d'une négociation sérieuse et crédible». Le représentant sahraoui a indiqué que le Front Polisario allait «attendre la fin des discussions sur ce projet de résolution pour se positionner publiquement sur l'ensemble du processus de paix, y compris sur la situation à Al Guergarat».
Le droit de la force
La région d'Al Guergarat est située au sud-ouest du Sahara occidental. En août 1979, la Mauritanie a signé un accord de paix avec le Polisario, renonçant au sud du Sahara occidental. Une aubaine pour les forces marocaines, qui n'ont pas tardé à s'y déployer. Entre 1980 et 1987, le Maroc a construit un mur militarisé qui partage en deux le territoire sahraoui.
Un cessez-le-feu est signé sous l'égide de l'ONU en 1991, à la condition qu'un référendum d'autodétermination soit organisé. Rabat propose une autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Pour le Polisario, l'unique alternative pour mettre fin à ce conflit consiste à organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui.
Échec des envoyés spéciaux de l'ONU
Envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, James Baker présente un plan, en 2003, qui prévoit un régime d'autonomie pour une durée de 5 ans, suivi d'un référendum comportant l'option de l'indépendance. Les électeurs seront les Sahraouis et toute autre personne de plus de 18 ans vivant au Sahara occidental depuis au moins 4 ans.
Accepté par le Polisario, le plan est rejeté par le Maroc. D'où la démission de Baker en 2004. En juin 2007, s'ouvre la première session des pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario en présence des Etats voisins, à savoir l'Algérie et la Mauritanie, à Manhasset (New York) sans aboutir à une solution. L'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a démissionné le mois dernier, après huit ans passés à tenter de trouver une issue au conflit.
Cette démission est intervenue à la suite de tensions avec le Maroc qui l'a accusé de parti pris pour le Front Polisario. Le 5 février dernier, le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré dans un entretien accordé au site d'info en ligne Le Desk qu'il ne «reconnaîtra jamais» la République sahraouie.
«Non seulement, le Maroc ne reconnaît pas, et ne reconnaîtra jamais cette entité fantoche, mais il redoublera d'efforts pour que la petite minorité de pays, notamment africains, qui la reconnaissent encore, fassent évoluer leur position dans le sens de la légalité internationale et des réalités géopolitiques», a-t-il affirmé. Pour N. Bourita, le retour du Maroc au sein de l'UA «ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara» occidental.
[Source: Par Amnay Idir, El Watan, Alger, 27avr17]
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