Informations | ||
Derechos | Equipo Nizkor
|
11jan17
Une décision contraignante de la Cour de justice de l'UE au sujet du Sahara Occidental
La décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui a conclu, dans un arrêt rendu le 21 décembre dernier, que les accords d'association et de libéralisation entre l'UE et le Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental, est «contraignante» pour l'Union et ses États membres, a affirmé un haut diplomate européen, lundi à Bruxelles.
«L'arrêt de la CJUE est contraignant pour l'UE et ses États membres. Nous vivons dans un État de droit, et nous devons respecter toute décision prise par la justice», a déclaré Nicholas Westcott, directeur exécutif Moyen-Orient et Afrique du Nord au Service européen de l'action extérieure (SEAE), lors d'un échange de vues avec les membres de la Commission des Affaires étrangères (AFET) au Parlement européen.
En clair, l'UE est ses institutions s'attelleront désormais à appliquer la décision de la haute instance juridique de l'Union qui a affirmé que le fait de considérer que le territoire du Sahara occidental relève du champ d'application de l'accord d'association est contraire au principe de droit international.
Relevant le statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental par la charte des Nations unies, la CJUE a soutenu, dans son arrêt, qu'«il est exclu de considérer que l'expression territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire».
Ce haut diplomate a souligné, à ce titre, la nécessité de «veiller à ce que la décision soit appliquée correctement», révélant qu'«une étude sur l'impact de la décision de la CJUE est en cours de réalisation», et «sera présentée, le moment venu, devant la Commission» AFET.
Selon Nicholas Westcott, la Commission européenne est «en train d'examiner de façon précise les argumentaires de la CJUE», mais également «ses implications sur le plan juridique pour appréhender ses conséquences».
Il a réitéré, dans ce contexte, le soutien de l'UE aux efforts de l'ONU pour «parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantira l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux principes et aux buts de la Charte des Nations unies».
Le conflit du Sahara occidental constituera «un point prioritaire» des discussions que nous comptons avoir avec le nouveau secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a-t-il assuré.
L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles se félicite des déclarations «claires» de Wetscott.
L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles Amar Belani, s'est félicité, à ce titre, des déclarations «claires» de M. Wetscott, affirmant que celles-ci ne «souffrent aucune ambiguïté» et «confirment le bien-fondé de l'analyse que nous avions faite de l'arrêt de la CJUE du 21 décembre 2016».
«Il est clair que, tant dans sa présentation que dans ses réponses aux questions des parlementaires européens, le représentant de Mme Mogherini a veillé scrupuleusement à ne pas dénaturer l'arrêt de la Cour de justice de l'UE qu'il estime, à raison, juridiquement contraignant, s'imposant à l'UE et à ses États membres qui seront amenés immanquablement à veiller à son application, soulignant, par la même occasion, que le principe d'État de droit implique le respect des décisions de justice, ce à quoi l'UE ne peut se soustraire, au risque de se déjuger», a-t-il déclaré à l'APS.
Pour l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, «il est désormais possible d'envisager sereinement la prochaine séquence de la bataille juridique engagée par le Front Polisario», concernant le recours qu'il a introduit, en 2014, contre le protocole conclu en 2013 entre l'UE et le Maroc, dans le cadre de l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche, qui consacre l'exploitation illégale des ressources halieutiques et de produits de la pêche au large du Sahara occidental.
«L'application illégale dudit accord aux eaux territoriales du Sahara occidental est avérée et documentée», a-t-il soutenu. M. Belani a souligné que «cette exploitation illégale n'est plus à démontrer», citant pour preuve le rapport des comités scientifiques conjoints UE-Maroc, publié en 2015, dans lequel il est indiqué clairement que l'activité de la flotte des pays membres de l'UE est située, pour une certaine catégorie de pêche, dans la zone entre Cap Boujdour et Cap Blanc.
«Le rapport démontre que la zone située entre Dakhla et Cap Blanc concentre à elle seule, 90% des captures réalisées par la flotte européenne», a-t-il ajouté. Il a rappelé, dans ce contexte, un autre cas révélé récemment par l'Observatoire des ressources naturelles du Sahara occidental (WSRW).
Ce dernier concerne l'implication de la société française Olvea dans l'importation d'une cargaison de plusieurs tonnes d'huile de poisson en provenance du Sahara occidental.
Spécialisée dans l'industrie des corps gras, l'entreprise en question revendique «une traçabilité totale» de ses produits, sans mentionner toutefois qu'ils proviennent des territoires sahraouis, a-t-il regretté.
L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles a rappelé également que l'UE a déboursé, depuis 2007, plus de 120 millions d'euros de l'argent des contribuables européens sous forme d'appui au secteur de la pêche au Maroc.
«Le nouveau protocole à l'Accord de pêche que le Maroc va s'empresser de signer avec l'UE vise à reconduire l'autorisation accordée actuellement, pour la période 2014-2018, aux navires battant pavillons européens de pêcher dans les eaux territoriales sahraouies au-delà de 2018», a-t-il encore fait savoir.
[Source: El Moudjahid, Aps, Alger, 11jan17]
This document has been published on 12Jan17 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes. |