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08nov16
Enième manœuvre royale ?
Après une tournée en Afrique pour promouvoir la candidature de son pays visant à intégrer l'Union africaine (UA), le roi du Maroc fait un discours à Dakar, la capitale du Sénégal, et organise chez lui une conférence internationale sur le climat. Tout cela fait partie d'une vaste campagne de propagande dont le but est de restaurer son image de marque, gravement altérée depuis son occupation du Sahara occidental et son refus de se plier aux décisions de la Communauté internationale.
Et le fait que ce faisceau de faits ait lieu le jour même de la célébration de la «Marche Verte», c'est-à-dire la célébration de l'annexion d'un territoire, cela n'a évidemment rien d'une coïncidence, mais bien la preuve qu'il s'agit d'une énième manœuvre du Roi pour tenter d'induire en erreur les opinions et de consacrer le fait accompli colonial.
L'appareil diplomatique et médiatique du Makhzen ne cesse de présenter la demande d'adhésion à l'Union africaine comme une simple opération arithmétique, en mettant en exergue le fait que l'admission devrait être décidée à la majorité simple des États membres, et qu'il suffirait donc de recevoir l'accord de 28 pays, pour que la question soit réglée. Toutefois, les choses ne sont pas aussi simples qu'il n'y paraît.
Le Maroc a tourné le dos au continent en claquant la porte de l'Organisation de l'Unité Africaine en 1984, pour protester contre l'adhésion de la République arabe sahraouie démocratique, dont il conteste la légitimité et l'existence, du moment qu'il occupe son territoire.
Aujourd'hui, rien n'a changé, puisqu'il occupe toujours le territoire sahraoui, mais que la RASD est membre fondateur de l'Union africaine. Même s'il réussit à avoir 28 voix de son côté et qu'il intègre l'Union, cela ne peut que compliquer le travail des pays africains, dans la mesure où cela va accentuer les divisions entre les pays et posera la question de la crédibilité de cette instance, parce qu'il va falloir revoir jusqu'aux principes fondamentaux qui la régissent, et notamment celui relatif au «Respect des frontières existant au moment de l'accession à l'indépendance».
Parce que le Maroc n'a pas seulement remis en cause ce principe, mais il a osé coloniser un peuple et un pays qui était sous le joug de la colonisation espagnole. Il en est de même d'ailleurs de la tenue de la conférence sur le climat qu'il abrite et qui suscite bien des controverses, car une part importante des programmes des énergies renouvelables, dont il se vante, est implantée dans le Sahara occidental occupé et utilisée dans le pillage illégal des minerais sahraouis.
Ceci pour dire que si le Roi est sincère, que ses faits et gestes ne sont pas des manœuvres circonscrites et des agitations sans lendemain, et qu'il veut transmettre au monde une image de fraternité, ce ne sera certainement pas en célébrant l'occupation d'un peuple et d'un territoire, mais en faisant un geste réellement royal, celui d'accéder au vœu de ce peuple, dans le respect de la volonté africaine et des résolutions onusiennes, d'organiser le plus tôt possible un référendum d'autodétermination et de mettre ainsi fin à une situation conflictuelle qui dure depuis plus de quarante ans.
Oui, un geste royal par lequel il montrerait toute sa détermination d'homme de bien, de foi et stratège. Et d'en finir avec un statu quo intenable, une tension régionale préjudiciable au développement et à l'intégration, une fuite en avant stérile et coûteuse.
À défaut de ce geste royal qui le fera entrer dans l'histoire par la grande porte, il sera traité, comme tous les égarés imbus de leur ego, avec mépris, par tous les peuples de la Terre.
[Source: El Moudjahid, Éditorial, Alger, 08nov16]
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