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21avr16


Ban Ki-moon accable le Maroc dans son rapport sur le Sahara Occidental


Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a, dans son dernier rapport sur la situation au Sahara occidental, insisté sur un règlement pacifique et mutuellement acceptable du conflit, soulignant l'impasse dans le processus de négociation en raison de l'obstination du Maroc qui fait fi des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Le Conseil de sécurité «m'a prié de fournir un rapport sur la situation au Sahara occidental avant la fin de période de mon mandat. Cela couvre les développements intervenus depuis mon rapport en date du 10 avril 2015 (S/ 2015/246) et décrit la situation sur le terrain, l'état d'avancement des négociations politiques sur le Sahara occidental (...) la mise en œuvre de la résolution 2218 (...)é, a souligné M. Ban dans son rapport présenté lundi.

Il a tenu à préciser qu'il a soumis le présent rapport aux membres du Conseil, en application de la résolution 2218 (2015) du Conseil de sécurité, par laquelle le Conseil a prorogé le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu'au 30 avril 2016.

Dans cette optique, le secrétaire général a rappelé s'être rendu dans la région «entre les 3 et 7 mars dernier, pour apporter sa propre contribution au processus de négociation, pour rendre hommage à l'opération de maintien de la paix des Nations unies, la MINURSO, et son personnel, pour s'enquérir lui-même de la situation humanitaire sur le terrain, et discuter d'autres sujets de préoccupation».

Exprimant sa déception quant aux agissements du gouvernement marocain qui, a-t-il dit, a fait montre d'hostilité à «un certain nombre de ses déclarations et actions» au cours de ce voyage, le chef de l'Onu a regretté qu'«il (gouvernement marocain) a choisi de renoncer à demander des précisions par la voie diplomatique, et délivré un certain nombre de déclarations publiques et communiqués et organise des manifestations de protestation de masse à Rabat et Laâyoun».

Dans une déclaration du 4 novembre 2015, «je rappelle que le statut définitif du Sahara occidental est l'objet d'un processus de négociation mené sous mes auspices, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et le regret exprimé par l'absence de véritables négociations sans conditions préalables et de bonne foi pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui».

M. Ban a aussi regretté que le représentant permanent du Maroc, Omar Hilale, l'ai appelé, le 5 novembre dernier, pour «exprimer la consternation de son pays au contenu et au calendrier de la déclaration, et a souligné que l'utilisation du terme "statut définitif" était nouvelle et "contredit" les résolutions du Conseil de sécurité, qui appellent à une solution politique mutuellement acceptable».

M. Ban a déploré qu'«en réaction à ses récentes déclarations et ses actions au cours de son voyage dans la région, le ministre des Affaires étrangères marocain, Salaheddine Mezouar, l'ait appelé, le 14 mars dernier, pour lui adresser une lettre indiquant que le Maroc avait droit à des clarifications immédiates, formelles et publiques» à ses propos, ainsi qu'à «ses intentions concernant [...] les paramètres convenus lors de sa conversation téléphonique avec le roi Mohammed VI».

Le 15 mars, relève le rapport, le gouvernement du Maroc a annoncé une série de mesures qui ont «considérablement influé» sur la capacité de la MINURSO pour mener à bien ses fonctions, «y compris une importante réduction de la composante civile, plus particulièrement le segment politique, ainsi que l'annulation de la contribution volontaire du Maroc pour le fonctionnement de la MINURSO».

En réponse au manque de personnel que cela a créé dans la Mission, le Département d'appui aux missions a mis en place temporairement un concept improvisé de soutien logistique pour permettre la continuité des fonctions administratives de base lorsque cela est possible. Seuls 28 membres internationaux du personnel civil reste à Laâyoun, alors que 25 exercent des fonctions limitées de Las Palmas (Espagne).

Des « attitudes provocatrices »

Dans son rapport, M. Ban a fait savoir que le président sahraoui, M. Abdelaziz, a, dans une lettre du 17 novembre 2015, exprimé sa «profonde inquiétude» quant au contenu du discours du roi du Maroc, qu'il appelait «intentionnellement provocateur et vise clairement à tracer une ligne dans le cadre du processus politique des Nations unies».

Par la suite, M. Abdelaziz a déclaré que le Front Polisario n'exclurait pas la reprise de la lutte armée, car le référendum qui avait été convenu n'a pas eu lieu. Il a également dénoncé la visite du souverain marocain à Laâyoun occupée comme contraire au droit international.

Toujours dans son rapport, M. Ban a rappelé, qu'à l'occasion de son quarante-deuxième anniversaire, le 10 mai 2015, le Front Polisario a, du 16 au 22 décembre dernier, tenu son 14e Congrès général des peuples avec la participation de 2.472 délégués.

Le communiqué final du Congrès a accusé le Maroc d'intransigeance dans son refus de reprendre les négociations. Il a accueilli «mon intention de visiter la région et l'intensification des efforts de mon envoyé personnel pour une nouvelle opportunité», exprimant sa volonté de participer de manière constructive à la recherche d'un règlement.

Cependant, il a également averti que l'attitude de défi du Maroc des efforts des Nations unies pourrait conduire à des conséquences graves.

Évoquant, par ailleurs, la situation dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf, en Algérie, le SG de l'ONU a affirmé que la vie publique et les activités sociales étaient normales.

Il a constaté des conditions de vie, «déjà affectées par une baisse continue de l'aide humanitaire, et détériorées en octobre, à la suite de fortes inondations prolongées qui ont dévasté les cinq camps, détruisant un grand nombre de briques de boue des maisons de réfugiés, les infrastructures et l'approvisionnement alimentaire».

L'étendue des dommages a poussé le bureau du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et Programme alimentaire mondial (PAM) à lancer un appel éclair conjoint de 19,8 millions USD.

L'exploitation illégale des ressources naturelles relatée

Ban Ki-moon a enfin relevé dans son rapport que le président sahraoui, M. Abdelaziz, lui avait écrit «à dix reprises, déplorant une obstruction marocaine, ainsi que des violations des droits de l'homme, l'usage disproportionné de la force, et l'exploitation illégale des ressources naturelles des territoires occupés du Sahara occidental.

Il a, en outre, appelé à plusieurs reprises les Nations unies à mettre en œuvre des mesures «correctives appropriées», organiser la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis, et instituer un mécanisme de surveillance des droits humains pour le Sahara occidental.

Après la publication de mon précédent rapport, le 10 avril 2015 (S/2015/246), a rappelé le secrétaire général, «j'ai envoyé des lettres au roi Mohammed VI et au président Abdelaziz réitérant mon personnel engagement politique et appelant les parties à faire preuve d'une forte volonté politique et revenir à la table des négociations».

Dans ces lettres, «j'ai insisté sur les dangers posés par les dynamiques régionales changeantes, y compris le commerce illicite des drogues et autres produits de contrebande dans le Sahel». Il a enfin rappelé qu'à sa demande, son envoyé personnel, Christopher Ross, proposa d'intensifier ses efforts pour une reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, par le biais de consultations bilatérales et la navette diplomatique. Son objectif était de favoriser de nouvelles idées avec en vue de reprendre les négociations politiques entre les parties, conformément à la formule Manhasset.

[Source: El Moudjahid, Alger, 21avr16]

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