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13avr16
Selon Chrif Driss à propos du Sahara occidental, l'obstination du Maroc est une voie suicidaire
Le Maroc, conforté par ses alliés, refuse de se mettre en conformité avec la légalité internationale «de peur de voir la pérennité de son régime menacée».
C'est le constat auquel a abouti Chrif Driss, universitaire à l'École supérieure de journalisme, s'exprimant en conférence de presse organisée, hier à Alger, par le Collectif national des journalistes algériens solidaires avec la cause sahraouie. Se trouvant dos au mur, notamment après la récente visite de Ban Ki-moon dans la région, le royaume chérifien, précise le conférencier, est en train de «passer d'une phase de prolongation de guerre à celle de prolongation de la résolution» du conflit l'opposant aux Sahraouis. Objectif : maintenir le statu quo. Mais cette option de «ni guerre ni paix» est «coûteuse et préjudiciable au Maroc, dont le vrai défi est de répondre aux besoins de sa société», explique M. Driss.
Évoquant la politique du deux poids, deux mesures des pays occidentaux, l'universitaire diagnostique que la position de la France et des États-Unis, favorable au Maroc, «risque fort de ne pas fléchir». Même s'il admet qu'une «petite altération» serait possible, M. Driss dit que «peu importe qui sera au pouvoir, les deux pays continuent à assurer un soutien diplomatique, militaire et économique au Maroc». En guise d'arguments, il fait savoir que le pays de l'Oncle Sam a investi 20 millions de dollars au Maroc entre 2008 et 2014.
Aussi, le conférencier rappelle qu'un forcing israélien s'exerce sur l'administration Obama pour maintenir sa position pro-marocaine, ajoutant que les positions occidentales «définissent les politiques européennes vis-à-vis du Sahara occidental». L'autre subterfuge auquel fait recours le Maroc est, selon l'orateur, de «s'adapter à la donne régionale pour se présenter comme un acteur stratégique de lutte antiterroriste».
À ce sujet, sa stratégie «n'est pas réellement de lutter contre le terrorisme, mais d'inclure le Front Polisario comme une organisation terroriste».
À une question de savoir si le bout de tunnel du conflit opposant la Rasd aux Marocains, l'universitaire précise que «dans les agendas occidentaux, la question sahraouie n'est pas une priorité».
Expliquant cette complexité de la donne internationale, M. Driss relève que la Russie, à titre d'exemple, «préserve sa sphère d'influence en Europe», et la Chine, elle, est «dans une posture mondiale où les intérêts stratégiques sont prioritaires, d'où la quasi-impossibilité de le voir ouvrir un front avec l'Europe». D'autre part, l'universitaire met en relief le rôle de la société civile et des médias, qui «ne doit pas être limité à la sensibilisation».
De son côté, Abdelkrim Taferguenit, lui aussi universitaire, a indiqué que la récente visite de Ban Ki-moon «a fait bouger la conscience internationale». Il déplore, également, le «traitement sélectif» de la question sahraouie, «un dossier auquel des médias occidentaux, gérés par des lobbies, n'accordent pas d'importance».
Intervenant au cours des débats, l'ambassadeur sahraoui à Alger, Bouchraya Hamoudi Sidina, a précisé que «la France représente le handicap majeur empêchant l'édification d'un État sahraoui libre et indépendant».
[Source: Par Fouad Irnatene, El Moudjahid, Alger, 13avr16]
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