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17avr13


Clash entre Rabat et Washington


L'appui des Etats-Unis à l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme a été très mal perçu par le palais.

Est-ce le clash entre Washington et Rabat ? La décision des Etats-Unis de soumettre au Conseil de sécurité un projet de résolution élargissant le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme aux territoires occupés est vécue comme une douche froide à Rabat. Signe de cette peur panique qui s'est emparée du royaume, le commandement militaire marocain a donné ses instructions pour suspendre l'opération African Lion 2013, révèle le journal électronique Lakome citant une source proche du dossier ayant requis l'anonymat.

De fait, cette grave décision montre et démontre que la tension est à son comble entre Washington et Rabat. Le journal marocain croit déceler, à travers cette décision unilatérale du Maroc, une «possible mesure de rétorsion» après la décision de Washington d'étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme dans les territoires occupés et dans les camps des réfugiés à Tindouf.

Lakome précise que le commandement militaire marocain vient d'envoyer des instructions pour suspendre le lancement de l'opération militaire africain Lion 2013, prévue ce mois-ci dans la région d'Agadir.

Et d'ajouter que Washington attend toujours une «notification officielle» des autorités marocaines. Mais le Pentagone aurait déjà commencé, d'après la même source, à organiser la logistique pour le rapatriement du matériel et des hommes déjà sur place à Agadir.

Et sous réserve d'un retour du roi à de meilleurs sentiments, comme il a l'habitude de le faire quand il est sur la défensive, cette mesure risque de provoquer une grande brouille avec son précieux allié de l'autre côté de l'Atlantique.

Sans doute que cette décision royale sera mal digérée par les Etats-Unis qui répugnent que leur fierté soit ainsi mise à rude épreuve. Il faut savoir, en effet, que l'African Lion est une importante opération annuelle d'exercices militaires conjoints entre les Forces armées royales (FAR) et l'armée américaine. Près de 1400 militaires US étaient attendus ce mois d'avril à Agadir, selon la même source.

La leçon mal apprise de Ross

C'est la première fois, en effet, que le royaume du Maroc, réputé être l'allié, voire «l'ami», se met aussi brusquement les Etats-Unis à dos. Mais vouloir faire pression sur le gendarme du monde risque de ne pas être une sage résolution.

C'est connu, les Etats-Unis n'apprécient pas qu'on leur donne de leçon et encore moins qu'on leur fasse subir une humiliation. Et si l'annulation de ces manœuvres militaires se confirme, Washington va certainement tirer les conclusions qui s'imposent et qui ne risquent pas de plaire au makhzen.

On s'en souvient, il y a tout juste une année, quand le roi du Maroc a décidé tout aussi unilatéralement de retirer sa confiance à l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU. Christopher Ross fut même accusé de «rouler» pour les Sahraouis pour avoir soulevé les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés. La décision brutale de Mohammed VI de disqualifier M. Ross a eu l'effet d'une bombe qui a fini par exploser à la figure du makhzen. Les Etats-Unis avaient alors tout de suite renouvelé leur soutien à Christopher Ross au même titre que Ban Ki-moon, signifiant au roi qu'il était mal inspiré pour prendre une aussi grave décision.

Les responsables américains, notamment Mme Clinton - mais aussi français - avaient aussitôt demandé au roi de revoir sa copie, lui rappelant que Christopher Ross est avant tout un diplomate américain. Il n'était pas question alors d'accepter qu'il soit renvoyé comme un malpropre, fut-il par sa majesté. La suite est connue, le souverain marocain a été contraint d'accepter, la mort dans l'âme, de recevoir en octobre 2012 à son palais l'homme qu'il a renvoyé de manière peu cavalière six mois auparavant.

C'est dire que cette annulation de manœuvres militaires conjointes constituerait une seconde erreur royale. Une attitude qui risque de jeter le froid entre Rabat et Washington qui filaient théoriquement le parfait amour.

Sauf que le légendaire pragmatisme américain s'accommode rarement des considérations sentimentales. Et le roi du Maroc risque de l'apprendre à ses dépens.

[Source: Par Hassan Moali, El Watan, Alger, 17avr13]

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