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20juin15
La justice enfin ?
Le dossier du Sahara occidental connaît une évolution certaine avec cette fois un rôle inédit de la justice européenne. Et l'on saura alors s'il est permis que des questions de droit et de justice soient bafouées afin que soit privilégié le seul intérêt économique. Le fait est donc inédit, puisque pour la première fois depuis que la question de l'exploitation des sol et sous-sol du Sahara occidental, en violation de son statut de territoire occupé, est portée à la connaissance de l'opinion internationale, la justice européenne en est enfin saisie.
Il a fallu du temps, et même beaucoup, pour que soit traitée cette question qui n'aurait jamais dû se poser, si des parties agissant en son nom appliquaient strictement ce qui relève du droit. Et rien d'autre, comme cela est le cas du Sahara occidental, un territoire occupé et que l'ONU traite sous l'angle de la décolonisation, cette organisation ayant indiqué très clairement que le conflit oppose le Maroc, désigné tout aussi clairement comme la puissance occupante, et le Front Polisario.
Elle était dans son rôle, et il ne restait à ses membres qu'à en appliquer les termes, sinon, ne pas s'y opposer à travers différentes formes, l'exploitation des ressources du Sahara en étant une. Ce qui est clair et aurait donc dû dissuader bien des initiatives.
Ce qui n'a pas été le cas avec la conclusion d'accords avec la puissance occupante, des diplomates européens tentant même de substituer une réalité à une autre, en indiquant que «le Maroc est une autorité de fait». Pour bien encadrer une question qui relève de son autorité, l'ONU a, le 29 janvier 2002, déclaré illégales les activités de prospection et d'exploitation des ressources du Sahara occidental, jusque et y compris dans ses eaux territoriales.
Elle a ainsi imposé un véritable verrou, et l'Europe n'en a pas tenu compte, ou encore qu'elle a voulu apporter sa propre lecture. Bien sûr que personne ne croit à de tels artifices supposés camoufler ce qui relève du pillage. Des entreprises étrangères ont refusé d'en tenir compte avant, pour certaines d'entre elles, d'être rappelées par les autorités de leurs pays respectifs. Des pays ont, quant à eux, conclu des accords de libre-échange avec le Maroc, tout en s'opposant que soient intégrés les territoires sahraouis.
Quant à l'Europe, elle a bien cherché des arguments pour défendre ce qui ne peut l'être, mais en vain. Après la pêche, voilà donc, cette fois, un accord agricole conclu en 2012 et intégrant les produits du Sahara occidental, ce qui n'aurait pas dû avoir lieu, si cette même Europe avait tenu compte des prescriptions de ce même texte, stipulant le respect des droits de l'homme et de la Charte de l'ONU. Plus clairement, un territoire occupé. Pourquoi donc un tel comportement, alors même que les premières alertes ont été données il y a bien longtemps, et réitérées dans un appel lancé en commun au secrétaire général des Nations unies, par pas moins de 243 ONG.
Justice sera-t-elle enfin rendue au peuple sahraoui ?
[Source: Par Mohammed Larbi, El Watan, Alger, 20juin15]
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