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22fév14
Associations sahraouies et marocaines dénoncent violation des droits de l'homme au Sahara Occidental
On dénombre, à ce jour, 261 cas de prisonniers politiques, dont 94 ne sont pas encore jugés et attendent encore leur procès
Une rencontre plaidant pour la libération des détenus politiques sahraouis et marocains et pour dénoncer la violation des droits de l'homme par le Maroc et ses procès inéquitables, s'est tenue jeudi soir dans la capitale française. Cette rencontre organisée à la faveur de la 9e semaine anticoloniale, dédiée cette année au soutien au peuple du Sahara occidental pour son droit à l'autodétermination, a été animée par Régine Villemont, secrétaire générale de l'Association des Amis de la République Arabe sahraouie démocratique (AARASD) et Ayad Ahram, président de l'Association de défense des droits de l'homme au Maroc (ASDHOM), basée en France.
Evoquant la violation des droits de l'homme au Sahara occidental par le Maroc, Régine Villemont a indiqué qu'on décompte 72 prisonniers politiques sahraouis, en détention dans les geôles marocaines dont 24 militants des droits de l'homme arrêtés après le démantèlement du camp de Gdeïm Izik (novembre 2010).
Elle s'est demandé par ailleurs si le Conseil de sécurité compte renouveler le mandat de la Mission de l'Onu pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) qui expire le 30 avril prochain, soulignant que l'émergence d'un collectif d'associations sahraouies mettant l'accent sur la protection et le respect des droits de l'homme, constitue une pression qui a modifié l'appréciation et la portée politique qu'on pouvait avoir de la Minurso « dont le contenu était épuisé ».
Depuis 1991, date de sa création, la Minurso, a-t-elle dit, n'arrivait pas organiser ce référendum, ce qui a conduit, à la fois, les Sahraouis du Sahara occidental et les responsables politiques des camps de réfugiés à exprimer une autre forme de revendication qui consistait en l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance et au respect des droits de l'homme.
Le plan d'autonomie proposé par le Maroc « est de moins en moins retenu »
En d'autres termes, a-t-elle ajouté, il fallait que la Minurso « ne se contente plus de surveiller le cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario, alors qu'elle n'arrivait déjà plus à organiser un référendum, et qu'elle puisse au moins donner, avec un mandat spécifique, la possibilité aux Sahraouis de s'exprimer politiquement, de revendiquer leur autodétermination, sans être exposés aux répressions du gouvernement marocains».
Régine Villemont, a relevé aussi que depuis quatre ans cette campagne pour l'élargissement du mandat de la Minurso, a atteint son pic, il y a un an, avec l'engagement américain. De son point de vue « les Etats-Unis ont reculé certes, mais, des étapes ont été franchies tout de même dans ce sens. Elle a ajouté que ces étapes ont été franchies également avec l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'Onu, Christopher Ross qui avait reçu dans les locaux de cette Mission de l'Onu à El Ayoune, des associations et syndicats sahraouis, qui ont été reconnus en tant que personnes politiques responsables et légitimes pour revendiquer l'indépendance du Sahara occidental. Un traitement plus équilibré des parties engagées dans le conflit.
Elle a souligné également qu'il existe aujourd'hui, de la part des Etats-Unis, « un traitement un peu plus équilibré « des deux parties engagées dans le conflit, le Front Polisario et le Maroc, observant que le plan d'autonomie proposé par le Maroc « est de moins en moins retenu « et assurant qu'en tant que collectif d'association de soutien au peuple sahraoui, « nous allons nous organiser davantage autour de cette évolution positive».
Régine Villemont a en outre souligné que ce qui lui parait important aujourd'hui est que le Maroc, n'est plus membre non permanent au Conseil de sécurité de l'Onu, et par conséquent «a un peu moins de possibilités de faire pressions», et que de plus, la présidence de l'instance où le mandat de la Minurso et la question du Sahara occidental seront traités, est présidée par le Nigéria « un grand pays africain qui soutient et reconnait la RASD ».
« Un acte très majeur »
Ce qui semble aussi « politiquement important » pour la responsable de l'AARASD est que cette expression sahraouie au Sahara occidental, devenue publique, est capable d'orienter les revendications du Front Polisario en direction de l'élargissement de la Minurso, observant que c'est justement « la digue que le Maroc ne peut pas accepter de rompre, parce que sa souveraineté, de fait, serait complètement balayée».
Elle a dans ce contexte retenu le souvenir des manifestations du 4 mai dernier où, pour une fois, la police, n'est pas sortie réprimer le manifestants, parce que les journalistes américains étaient témoins et des milliers de Sahraouis, notamment des jeunes, y ont pris part, « alors que la propagande marocaine a toujours fait croire que seule une toute petite minorité revendique l'indépendance du Sahara occidental».
Evoquant la situation des détenus politiques marocains au Maroc, le président de l'ASDHOM a indiqué qu'à ce jour, son association a recensé 261 cas de prisonniers politiques, dont 94 ne sont pas encore jugés et attendent encore leur procès, précisant que le Maroc ne leur a jamais reconnu le statut de prisonniers politiques mais sont considérés comme des détenus de droit commun. « Nous recevons malheureusement tous les jours des informations inquiétantes et préoccupantes sur les arrestations, détentions et violations permanentes des droits de l'Homme au Maroc », a- t-il déploré.
Pour Régine Villemont, le fait de se retrouver côte à côte, l'AARASD et l'ASDHOM aujourd'hui et de parrainer l'une et l'autre des détenus politiques sahraouis et marocains est « un acte très majeur ».
Elle a expliqué alors que « le tabou au Maroc, de la marocanité du Sahara occidental était telle que même dans les années 1980, nous ne pouvions pas solliciter les camarades marocains qui soutenaient les droits de l'homme au Maroc, car ils ne voulaient pas se compromettre en exprimant publiquement leur soutien au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.
« Il y a une espèce d'autocensure qui était redoutable », s'est-elle souvenue, observant que le chemin parcouru depuis, « est énorme » et ajoutant qu'il « a mis du temps à être parcouru », mais qu'il il va désormais « créer des dynamiques qui vont aller encore plus vite dans ce que le Marocains veulent obtenir et ce que les Sahraouis de leur cotés obtiendront en ce qui concernent leurs droits légitimes respectifs », a-t-elle estimé.
[Source: El Moudjahid, Alger, 22fév14]
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