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14oct13
Les certitudes ébranlées de Mohammed VI
Le roi du Maroc n'est plus sûr de rien s'agissant du Sahara occidental. De sa plaidoirie vendredi au Parlement transparaissait une peur panique de lendemains qui déchantent. Eclairage. Son discours, vendredi devant le Parlement, sonnait comme un aveu d'échec d'une stratégie basée sur une campagne médiatique féroce contre l'Algérie et ses responsables. Au plan international, sa politique répressive contre les militants sahraouis est tellement indéfendable qu'il s'est aliéné le soutien, jadis acquis, des Etats-Unis.
Le fait est que les Américains furent à l'origine du fameux projet de résolution du Conseil de sécurité, en avril dernier, devant mandater la Minurso de surveiller le respect des droits de l'homme dans les territoires occupés. La proposition a certes été liftée de cette exigence à la dernière minute, grâce au travail payant (au propre et au figuré) de certains lobbies pro-Maroc à New York. Mais le mal est fait. Washington ne voit plus Rabat de la même manière. En brandissant l'arme des droits de l'homme, elle lui signifie que plus rien ne sera comme avant. Mohammed VI, qui s'est félicité devant ses députés de ce «défi majeur relevé», sait qu'il a plus perdu que gagné. Le projet de proposition des Etats-Unis prend valeur de retentissant avertissement. Et le roi le reconnaît à demi-mot : «La situation est difficile. Rien n'est encore tranché.
Les manouvres des adversaires de notre intégrité territoriale ne vont pas s'arrêter, ce qui pourrait placer notre cause devant des développements décisifs.» De manouvres, il s'agit en réalité du travail de sensibilisation, de médiatisation et de mobilisation effectué par le Polisario aux quatre coins de la planète avec des pays qui le soutiennent, comme l'Algérie. Forcément, Mohammed VI a déversé son ire sur ce «duo» qui l'empêche visiblement de réprimer et de coloniser en rond.
L'Algérie en a ainsi pris pour son rôle dans ce regain de prise de conscience mondiale sur les souffrances du peuple sahraoui et de son droit inaliénable. Sans la citer nommément, Mohammed VI a érigé l'Algérie au rang d'«adversaire de notre intégrité territoriale».
Tant pis, si c'est le prix à «payer» pour apporter son soutien à une cause juste qui consiste à soutenir le droit du peuple à disposer de lui-même, conformément à la résolution 1514 du Conseil de sécurité. Mais au-delà de cet abcès de fixation qu'est devenue l'Algérie dans la bouche du monarque et de ses vaillants collaborateurs du makhzen, son propos tranche radicalement avec ses assurances d'avant. Il était aisé de saisir la panique du roi devant ses députés, qu'il a beaucoup secoué à l'occasion.
Polisario-Algérie, un duo d'enfer. royal
C'est que les certitudes de Mohammed VI ont rudement été ébranlées durant cette année 2013 et même avant. Après un rapport salé du reporter spécial de l'ONU, Juan Mendez, sur la pratique de la torture dans le royaume et dans les territoires occupés, M6 a dû accepter, la mort dans l'âme, d'accueillir à nouveau l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, auquel il avait pourtant retiré sa confiance. Un impair qui a dû peser lourd dans la balance des Etats-Unis avant de se décider à faire une proposition d'allonger le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme. Pour avoir poussé l'outrecuidance à ses limites, le roi a fini par se mettre dans la gueule du loup. américain. Son discours aux accents d'aveu de vendredi dernier se décline comme le cri de détresse d'un monarque pris à son propre piège.
L'Algérie a alors bon dos pour lui imputer tous ses errements politiques et ses violations flagrantes des droits de l'homme. En invitant le Parlement à «bouger» à l'intérieur et à l'extérieur, les institutions, la société civile et les partis politiques à se mobiliser pour sauver «notre intégrité territoriale», Mohammed VI sait qu'il est sur la défensive vis-à-vis de la communauté internationale.
Appel à la mobilisation générale
«Mais on ne devrait pas se satisfaire de remporter cette bataille, ni céder à un optimisme béat», s'écrie en effet le roi face aux parlementaires, suggérant ainsi que le Maroc n'est désormais sûr de rien. D'où la nécessité, d'après lui, de lancer la riposte. «Au lieu d'attendre les attaques de nos adversaires pour y riposter, il faut plutôt les acculer à la défensive, en prenant les devants, en anticipant les événements et en y répondant de manière positive», leur a-t-il ordonné.
Ayant compris que «sa cause» est de moins en moins partagée, y compris dans son royaume préoccupé par les dures conditions de vie et la main de fer du makhzen, le roi a tenté un appel pour une union «sacrée» dans l'espoir de contrebalancer la tendance au sein de l'ONU. «La cause n'est pas uniquement celle du roi, mais celle de tout le monde, à savoir les institutions de l'Etat, Parlement, Assemblées élues, et tous les acteurs politiques, économiques, syndicaux ainsi que les organisations de la société civile, les médias et les citoyens.» Pas sûr que les jeunes du M20 et les soutiens du journaliste Anzoula, emprisonné arbitrairement, et tous ces milliers de Marocains qui dénoncent la cherté de la vie puissent capter ce SOS royal.
[Source: Par Hassan Moali, El Watan, Alger, 14oct13]
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