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25fév14
L'Ukraine se partage le pouvoir
Les nouvelles autorités ukrainiennes cherchent à rétablir le système administratif qui s'est effondré après la fuite du président Viktor Ianoukovitch. Le parti Patrie d'Ioulia Timochenko s'est autoproclamé centre du pouvoir et ses représentants occupent désormais des postes clés au gouvernement. Ce parti est toutefois contraint de se tourner en permanence vers l'opposition radicale pour prouver sa capacité à remplir les exigences du Maïdan, où nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas le retour de Timochenko au pouvoir, écrit mardi 25 février le quotidien Kommersant.
La campagne pour l'élection présidentielle anticipée en Ukraine a été lancée hier, automatiquement après l'adoption d'un décret à cet effet à la réunion du conseil conciliatoire des groupes de députés et des fractions de la Rada (parlement ukrainien), comme l'a expliqué le porte-parole de la Commission électorale centrale (CEC). Le leader du Parti des régions passé dans l'opposition, Alexandre Efremov, a déclaré hier que la désignation des candidats du Parti des régions serait évoquée au congrès du parti samedi. Il ne s'agira évidemment pas de Viktor Ianoukovitch, à qui l'ex-parti au pouvoir a fait endosser l'entière responsabilité de l'effusion de sang et de l'effondrement économique du pays.
En revanche, l'adjoint au chef de la fraction Patrie Arsen Avakov, ministre de l'Intérieur par intérim, a fait preuve de détermination de la part des nouvelles autorités pour mettre en œuvre une autre exigence clé du Maïdan - traduire en justice le président fugitif. Ioulia Timochenko, remise en liberté, a appelé dimanche à "juger Ianoukovitch et sa bande" depuis la tribune du Maïdan.
Arsen Avakov a rendu compte de l'avancement des recherches du président disparu sur sa page Facebook. Le commentaire de l'ex-opposant n'a rien à voir avec le communiqué officiel : "Une procédure pénale a été ouverte pour massacre de civils. Ianoukovitch et plusieurs autres dirigeants sont recherchés".
La détermination avec laquelle les partisans d'Ioulia Timochenko s'efforcent de répondre aux attentes du Maïdan s'explique par l'attitude sceptique envers l'héroïne de la révolution orange, voire par l'aversion qu'elle suscite auprès d'une grande partie du nouveau mouvement protestataire.
Une manifestation contre le retour de Timochenko au pouvoir s'est déroulée à Kiev hier : les protestataires craignent le maintien d'un système politique de clans et exigent son "redémarrage intégral".
L'enregistrement à la Rada du projet de "décret de lustration" confirme que l'opposition parlementaire agit en se tournant vers la partie radicale du Maïdan. Les auteurs du document sont les députés du parti Svoboda (Liberté). Auparavant, son leader Oleg Tiagnybok appelait à interdire la diffusion en Ukraine des chaînes russes qui "présentent les événements de manière déformée".
Quant à Ioulia Timochenko, elle semble marquer une pause pour peser les pour et les contre de la situation et répondre à la question principale : quel poste doit-elle revendiquer dans les nouvelles conditions - celui de président, de premier ministre ou alors rester leader de la force clé, Patrie, et contrôler de facto le processus politique en restant dans l'ombre pendant un certain temps ?
Après le retour de l'Ukraine à la Constitution de 2004, c'est le poste de premier ministre qui devient central. Le président est responsable de la politique étrangère, nomme les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que le chef de la sécurité. Mais les principaux leviers permettant de contrôler le pays seront entre les mains du premier ministre. Rappelons les années 2006-2007, rapidement après la révolution orange, quand le président Viktor Iouchtchenko était au second plan à l'époque où Viktor Ianoukovitch était premier ministre. Et en succédant à Ianoukovitch c'est Ioulia Timochenko qui était devenue une figure clé et, en particulier, avant signé en 2009 un accord gazier avec la Russie qui avait suscité beaucoup de débats en Ukraine.
En d'autres termes, conformément à la "nouvelle ancienne Constitution", le véritable leader du pays sera l'individu contrôlant la majorité parlementaire, qui forme la coalition au pouvoir et détermine la candidature du premier ministre. Ioulia Timochenko l'est pratiquement déjà devenue : c'est autour de Patrie que se forme la nouvelle majorité et à laquelle adhèrent les "déserteurs" du Parti des régions.
[Source: Ria Novosti, Moscou, 25fév14]
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