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12aoû14
La catastrophe des valeurs universelles
Même si un jour une paix durable s'instaurait dans le sud-est ukrainien, de nombreux habitants ne reviendraient pas dans leur maison, écrit mardi 12 août le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Pour la plupart il n'y aura plus personne à rejoindre, voire nulle part où revenir.
Aujourd'hui, le principal résultat de l'opération "antiterroriste" lancée par les autorités de Kiev n'est pas un succès militaire - puisqu'il n'est pas au rendez-vous - mais une destruction totale dans le Donbass et la région de Lougansk. Jusqu'à 80% des immeubles sont détruits dans beaucoup de communes de ces régions, alors qu'à Lougansk et à Donetsk la population s'est réduite de moitié en très peu de temps.
L'usage actif de lance-roquettes multiples, de canon grand calibre, d'armes aériennes non guidées, de bombes à sous-munitions par les militaires ukrainiens contre les forces d'autodéfense n'est pas ciblé. Les frappes aériennes et les bombardements n'épargnent pas les hôpitaux, les pharmacies, les maternelles et les écoles. Elles visent essentiellement la population civile du sud-est de l'Ukraine.
A l'heure actuelle, selon les informations officielles, près de mille réfugiés quittent la zone de conflit armé chaque jour, sachant que le nombre de victimes civiles depuis le début des opérations dépasse 1 500 personnes.
Les communications routières et ferroviaires, détruites au cours de cette guerre fratricide, aggravent la situation humanitaire, rendant très difficile l'approvisionnement de la population locale en nourriture et en produits de première nécessité.
En déclinant la proposition avancée par la Russie au Conseil de sécurité des Nations unies d'envoyer une mission internationale dans l'est de l'Ukraine avec une aide humanitaire russe, sous l'égide et encadrée par des représentants du Comité international de la Croix-Rouge, Kiev a lentement entamé les négociations avec des dirigeants occidentaux uniquement sur la possibilité d'envoyer une mission humanitaire à Lougansk. Sachant qu'aucune partie ne semble se préoccuper de la situation catastrophique de la population du Donbass à en juger par les entretiens téléphoniques d'hier du président ukrainien Piotr Porochenko avec la chancelière allemande Angela Merkel et le vice-président américain Joe Biden.
Visiblement, cette tactique de l'opération "antiterroriste" visant à détruire l'infrastructure civile du sud-est du pays et l'atermoiement flagrant de l'envoi d'une mission humanitaire dans cette région est loin d'avoir pour objectif principal le rétablissement de la paix et de l'ordre. En créant des conditions susceptibles de provoquer une catastrophe humanitaire, les autorités ukrainiennes veulent priver les partisans des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk autoproclamées du soutien de la population locale.
Sauf qu'après des bombardements aussi massifs, la population civile des régions touchées risque de disparaître avant même que la première aide humanitaire arrive. C'est ce qu'on appelle un génocide.
Mais Porochenko n'a pas à s'attrister pour autant: après tout, les habitants de cette région n'ont pas voté pour lui. Et il serait malvenu pour l'Occident de se presser pour venir en aide à cette population. Il est bien plus important pour lui d'empêcher que la Russie s'y retrouve la première. Il n'y a pas si longtemps, il bombardait la Yougoslavie "exclusivement pour empêcher" une telle catastrophe humanitaire. Inutile de rappeler comment cette histoire s'est terminée.
[Source: Ria Novosti, Moscou, 12aoû14]
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