Informations | ||
Derechos | Equipo Nizkor
|
30jan13
Les Allemands enquêtent à Oradour-sur-Glane
C'est une visite lourde en symbole. Ce mardi matin, pour la première fois, des représentants de la justice allemande se sont rendus dans le village martyr français d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, dans le cadre d'une enquête pour «crime de guerre» sur le massacre de juin 1944.
L'enquête porte sur six suspects toujours en vie, âgés de 85 et 86 ans. Ils appartenaient à un détachement de 200 hommes de la division blindée SS Das Reich qui, le 10 juin 1944, avait massacré la population du village. Ce jour-là, seules six personnes avaient survécu à la tuerie, la plus importante perpétrée en France par les armées hitlériennes au détriment de populations civiles. Des habitants avaient notamment été enfermés dans une église qui avait été incendiée. 247 enfants figuraient parmi les 642 victimes.
Plusieurs affaires auparavant classées
Pour le procureur de Dortmund (ouest de l'Allemagne) Andreas Brendel, il s'agissait ce mardi de «trouver des éléments de preuve supplémentaires, faire des constatations sur place», «voir à Oradour où étaient déployées les différentes unités» et «écouter de nouveaux témoins». «Les autorités judiciaires allemandes agissant dans le cadre d'une demande d'entraide pénale internationale», a de son côté annoncé un communiqué du parquet de Limoges, dont le procureur était aux côtés des enquêteurs allemands.
Plusieurs enquêtes menées outre-Rhin avaient auparavant été classées, faute de preuves. Mais la découverte en octobre 2010 par un historien d'un document tiré d'une enquête de la Stasi (les services secrets de l'ex-RDA) sur ces faits avait convaincu la justice de lancer de nouvelles recherches. Ce document apporte les témoignages de deux soldats allemands présents à Oradour, finalement jamais inquiétés. L'un d'eux aurait notamment révélé cette déclaration lancée aux troupes par l'un des chefs: «Aujourd'hui, le sang doit couler.»
En 1953 en France, un tribunal militaire avait jugé 21 soldats, dont 14 Français d'Alsace enrôlés de force dans l'armée allemande. Des condamnations à mort furent prononcées, puis commuées et les Français amnistiés, au nom de la réconciliation nationale.
Un «geste fort»
La venue des enquêteurs allemands a été saluée par la Fédération nationale française des déportés, internés, résistants et patriotes. «C'est un geste fort que de voir, pour la première fois, 68 ans après, le déplacement de la police allemande et il faut s'en féliciter même si à titre personnel j'aurais aimé voir cela plus tôt», a déclaré sa vice-présidente, Camille Senon, originaire d'Oradour-sur-Glane ou elle a perdu de nombreux membres de sa famille.
«C'est révélateur d'un état d'esprit allemand qui tient absolument à faire la lumière sur toutes les exactions commises par l'armée allemande pendant cette période», a déclaré un historien limousin spécialiste de la déportation, Guy Perlier.
Mais pourra-t-il y avoir un nouveau procès? Le procureur Brendel espère une décision en Allemagne avant la fin 2013. «On ne peut faire à l'avance de pronostic», a ajouté le magistrat, qui a toutefois admis qu'un procès semble «difficile à envisager», car trois des suspects encore en vie ne peuvent plus être poursuivis, en raison de leur état de santé.
[Source: Le Figaro, Paris, 30jan13]
Impunidad y crímenes franquistas
This document has been published on 13Feb13 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes. |