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08nov17


Charles Michel : "Il y a une crise politique en Espagne, pas en Belgique"


Le Premier ministre Charles Michel a répété mercredi au parlement ne pas vouloir interférer dans les décisions de justice qui concernent le gouvernement catalan destitué, et plus particulièrement le ministre-président Carles Puigdemont installé à Bruxelles. Des contacts diplomatiques existent tant avec le partenaire espagnol qu'au niveau européen, a-t-il ajouté, évoquant leur discrétion. "Il y a une crise politique en Espagne, pas en Belgique", a-t-il assuré. L'opposition a dénoncé mercredi l'attitude de représentants de la N-VA, y compris des ministres du gouvernement fédéral, qui n'ont pas hésité à soutenir leurs alliés catalans - jusqu'à évoquer l'asile - voire à mettre en doute l'impartialité de la justice espagnole, en dépit des appels à la retenue du Premier ministre.

La crise politique espagnole a entraîné en Belgique un certain nombre de commentaires politiques, venant tant de la majorité que de l'opposition, donnant lieu à des interprétations médiatiques, a constaté M. Michel.

Il y a bien eu un appel à la "discrétion" mais qui ne valait pas pour l'éternité; il s'agissait d'attendre que viennent des éclaircissements sur la visite à Bruxelles de M. Puigdemont, qui comme tout citoyen bénéficie de la libre circulation, avec les droits et de devoirs que cela implique. Au-delà, seul le dialogue permettra d'aller de l'avant. "Dialogue, dialogue, dialogue politique", a dit le Premier ministre.

"Il y a dans quelques semaines des élections, non pas en Belgique mais en Espagne. J'espère qu'elles seront un rendez-vous démocratique afin d'offrir un message clair, (permettre) des accords politiques en Espagne", a-t-il ajouté.

Soutenant l'appel au dialogue du Premier ministre, le chef de groupe N-VA Peter De Roover s'est réjoui que M. Michel "n'ait pas embrayé après les appels à s'immiscer dans les affaires internes" de l'Espagne, à promouvoir "l'unité de l'Espagne" ou le "fédéralisme". Il revient aux Catalans de choisir les solutions les plus appropriées, a-t-il insisté.

"Ceci reste une crise belge car vous avez refusé de condamner le référendum catalan et les propos de vos ministres sur l'absence de confiance en la justice espagnole", venait de déplorer Julie Fernandez (PS).

"Vos propos sont insuffisants, vous ne remettez pas en cause la surenchère de vos ministres N-VA sur l'impartialité de la justice et de l'État de droit espagnol", a ajouté la cheffe de groupe cdH Catherine Fonck.

"Les nationalistes vous ont piqué le mégaphone", a dit Benoît Hellings (Ecolo). "Mais, Mme Fernandez, vous devriez retirer le mégaphone à M. Di Rupo", a-t-il ajouté, alors que le président du PS avait traité l'attitude du Premier ministre espagnol de "franquisme autoritaire".

Pour Olivier Maingain (DéFI), "on peut entendre certaines revendications mais quand il y a une rupture de solidarité en jeu, il faut avoir le courage de dire non".

Renvoyant dos à dos Madrid et Barcelone, Marco Van Hees (PTB) a regretté que le Premier ministre n'ait pas poursuivi sa dénonciation des violences policières par un appel à libérer les "prisonniers politiques".

Richard Miller (MR) a réfuté l'argument d'Olivier Maingain selon lequel Bruxelles risque à terme de jouer son rôle de capitale européenne. "Être une capitale signifie aussi que des problèmes politiques doivent pouvoir venir s'exprimer, sans espérer que cela devienne un problème belgo-belge", a-t-il dit.

Le chef de groupe Open Vld Patrick Dewael a demandé que le Premier ministre Charles Michel et le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders soient les porte-parole exclusifs du gouvernement dans le dossier catalan.

[Source: La Libre, Belga, Bruxelles, 08nov17]

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