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13aoû13
France: une génération perdue
Jeunes, instruits, mais chômeurs. Selon Eurostat, un jeune Français sur quatre n'a pas de travail fixe. La récession de la deuxième économie européenne a engendré toute une génération C (personnes nées entre 1984 et 1996) d'éternels stagiaires qui n'ont ni emploi, ni perspectives à terme, écrit mardi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Un jeune de 18 à 30 ans, tel est le représentant typique de la génération perdue en France. Le plus souvent il a fait des études supérieures mais n'a pas d'expérience professionnelle. Chaque jour, il envoie des dizaines de CV aux employeurs. Mais en réponse, il reçoit dans le meilleur des cas une proposition de CDD.
25% des jeunes Français n'arrivent pas à trouver de travail fixe.
"Il n'y a rien de bon à rester à la maison sans travailler. Tu prends conscience que tu n'as rien: ni travail, ni nouveaux projets. Ni même de l'argent simplement pour faire les courses", déclare Justine, 24 ans, qui fait partie des millions de chômeurs en France. La jeune femme touche des allocations de chômage. Mais lorsqu'on est assis à la maison sans rien faire depuis plus d'un an, cela n'arrange pas les choses.
Les personnes qui sont dans le même cas que Justine trouvent une issue pour sortir de l'impasse économique en faisant des stages, les entreprises engageant de jeunes spécialistes pour une courte période. Les stagiaires ne sont pas rémunérés, mais ils doivent travailler jusqu'à 50 heures par semaine. Ainsi, les jeunes acquièrent de l'expérience en espérant un jour signer enfin un CDI. Mais les "happy end" sont rares. "Evidemment, les sociétés accueillent les stagiaires à bras ouverts. Mais dès qu'on parle d'un contrat de travail, ils font semblant de ne plus avoir besoin de toi", dit Justine. Une autre solution pour la génération perdue, c'est le travail par intérim. Par exemple, en gardant les enfants ou en promenant les chiens on peut gagner cinq euros par jour.
Cependant, les tentatives des jeunes de prendre de la valeur sur le marché de l'emploi français ne portent pas non plus leurs fruits. Le chômage parmi les jeunes a déjà atteint 25% en France, soit 3,6 millions de personnes. Dont 82% travaillent périodiquement en CDD. Mais en règle générale, l'employeur se sépare du jeune collaborateur à l'issue du contrat.
Les sociologues français estiment que le fond du problème réside dans l'incapacité du modèle d'enseignement classique à s'adapter aux conditions modernes du marché de l'emploi. Il s'avère que les jeunes diplômés des grandes écoles sans expérience de travail n'intéressent pas les compagnies. Mais en réalité, le problème est bien plus profond. Le fait est que l'économie française s'enfonce dans la récession. Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la croissance économique française affichera au mieux 0,1%, voire descendra jusqu'à 0. Sachant que la dette publique de la république a déjà atteint 90% du PIB. L'ex-ministre allemand de l'Economie Rainer Brüderle prédit également un avenir pessimiste à la France. Dans une récente interview, il a dit être "très préoccupé" par la situation: "Si l'économie française ne se remettait pas sur pieds, ce serait tragique. L'Allemagne ne pourrait pas lutter contre la crise toute seule".
La semaine dernière, le ministre des Finances Pierre Moscovici a une nouvelle fois tenté de rassurer les Français qui, cependant, sont plutôt enclins à croire les faits que les paroles des politiciens. Et les faits ne parlent pas en faveur du gouvernement de Hollande.
[Source: Ria Novosti, Moscou, 13aoû13]
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