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31déc14

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Message de l'Equipo Nizkor à l'occasion de la nouvelle année 2015


Depuis 1994 nous diffusons un message à l'occasion des fêtes de Noël et de Nouvel an dans lequel nous essayons de reprendre certains des faits qui ont marqué l'année qui se termine ainsi que les promesses de l'année à venir. Le message annonçant l'année 2014 a constitué l'exception, car le délabrement en matière de libertés civiles, de droits de l'homme et d'état de droit était tel qu'il nous semblait inapproprié de diffuser un message commémorant l'année nouvelle.

Tant l'année 2013 que l'année sur le point de se terminer ont été marquées par une situation internationale préoccupante, un recul évident des libertés civiles et une progression de la corruption, symptôme de la dérégulation des marchés et conséquence des politiques économiques qui concentrent délibérément la richesse aux mains de quelques personnes et augmentent de manière disproportionée les niveaux de pauvreté structurelle et individuelle.

L'année 2014 a également vu la confirmation que le « barbarisme » faisait partie intégrante de la politique extérieure des grandes puissances, ce qui a provoqué une montée en puissance des groupes intégristes, surtout musulmans, en Syrie, en Irak, en Libye, en Egypte, en Tchétchénie, en Afghanistan, dans plusieurs pays d'Afrique et même en Chine.

Cette stratégie avait débuté par la désintégration délibérée de la société irakienne après l'invasion du pays par les Etats-Unis, respectant ainsi la promesse du vice-président Dick Cheney qui disait qu'il était possible de détruire une société et la ramener à l'« âge de pierre », selon sa définition politico-militaire peu humanitaire et charitable.

Cette politique découlait en droite ligne de celle entamée en Afghanistan et grâce à laquelle ont été créées, financées et organisées les troupes des « héros de la liberté », pour reprendre l'expression du président Reagan. Il parlait des Talibans, dirigés alors par Ben Laden, un inconnu, qui se retourneraient par la suite contre les Etats-Unis et seraient à l'origine du drame des tours jumelles, suscitant ultérieurement la réaction de ce pays et de l'OTAN tant en Irak qu'en Afghanistan. Après coup, dans la pratique, un état d'exception mondial violant systématiquement le droit international a été instauré.

Avec le même cynisme, le président français, François Hollande, avait défendu la « résistance » à Alep constituée par les mêmes personnes qui aujourd'hui se regroupent sous la bannière de l'EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant) et l'avait comparée effrontément à la résistance antifasciste française lors de la Seconde Guerre mondiale.

Le crime de barbarisme fut soumis par Raphaël Lemkin à la Ve Conférence internationale pour l'unification du droit pénal, à Madrid en octobre 1933, tenue en coopération avec le Ve Comité de la Société des Nations, et fut repris en partie à Nuremberg dans la catégorie des « crimes contre l'humanité ». Il se concrétisa par l'adoption en 1948 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Pourtant, ce qui se produit à l'heure actuelle sont des crimes barbares, tant dans leur exécution que dans leur planification. Ceux qui les commettent entendent légaliser l'esclavage, le vente de femmes et de fillettes sur un marché ouvert à toutes les aberrations, l'assassinat de masse pour des motifs religieux ou culturels, la légalisation, non seulement de la torture, mais de supplices tels que la crucifixion, la décapitation ou l'écartèlement. Ils encouragent également le vandalisme, c'est-à-dire la destruction délibérée d'oeuvres artistiques et culturelles, comme ce fut le cas en Syrie, en Irak et en Afghanistan.

Ces armées ont été et continuent d'être financées, entraînées et armées par des pays tels que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France, qui recourent à la Turquie et aux monarchies absolutistes du Qatar et de l'Arabie saoudite comme émissaires de la « démocratie occidentale ».

Ceci constitue la vérité historique. Elle ne conduira probablement aucun responsable de cette planification devant un tribunal où que ce soit dans le monde, encore moins devant la Cour pénale internationale qui, depuis le passage du procureur argentin Luis Moreno Ocampo, s'est renforcée en tant qu'instance judiciaire internationale réservée aux noirs. C'est un racisme juridique qui s'ajoute au barbarisme visant à désarticuler des peuples entiers, dont nombre d'entre eux sont des sociétés constituées de minorités religieuses ayant survécu à l'empire romain, tels que les Hittites, les Chaldéens de la province de Ninive en Irak, et d'autres minorités vivant en Syrie, à l'image des douze religieuses cloîtrées du couvent de sainte Thècle de l'Eglise orthodoxe d'Antioche, région dans laquelle l'araméen est encore couramment parlé.

Le conflit en Ukraine, conséquence de l'expansion militaire de l'OTAN vers l'est de l'Europe, a réveillé les fantômes du national-socialisme chez des populations qui n'ont pas eu le temps d'oublier les massacres et exterminations commis par les forces SS hitlériennes lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment par les Einsatzgruppen qui ont opéré dans les zones de conflit actuelles.

Les partis nationaux-socialistes, bien que minoritaires, ont réussi à s'emparer de l'appareil militaire et sécuritaire ukrainien avec le soutien du Département d'Etat des Etats-Unis et de l'OTAN.

La Russie est devenu l'ennemi de l'Europe de l'Ouest et les secteurs bellicistes européens et nord-américains appelent à la guerre contre la Russie, comme s'il s'agissait d'un besoin historique non satisfait pendant la guerre froide.

L'ombre de la guerre nucléaire plane librement dans la presse, comme si elle ne signifiait pas l'auto-destruction assurée et l'on tait à l'opinion publique qu'une guerre de cette nature impliquerait la Chine et ferait au moins trois cent millions de morts.


En Amérique latine, les politiques d'impunité en Amérique centrale héritée du modèle de « paix » ayant mis un terme aux guerres civiles au Guatemala, au Salvador, au Nicaragua et au Honduras, ont engendré des sociétés où la corruption est devenue structurelle et où le crime organisé contrôle les Etats. Ce sont des conséquences de la « justice transitionnelle », dans lesquelles ont été entraînés des pays comme le Mexique, qui connaît une situation de désintégration et d'extermination sociale jamais vue dans l'Amérique latine républicaine.

Le trafic de drogues, la traite des femmes, le commerce d'enfants, l'esclavage et d'autres crimes encore constituent le paradigme social immoral et cynique gouvernant tous ces pays. Il n'y a pas de persécution politique, mais plutôt une extermination sociale et des guerres souterraines de déstructuration sociale et économique. Le crime est devenu non seulement un marché unique, mais aussi le paradigme de représentation sociale de centaines de milliers de jeunes. Le modèle consiste en l'immoralité, le cynisme et le crime.

L'assassinat des 43 étudiants d'Ayotzinapa, près de la ville d'Iguala, au Mexique, est un exemple cruel du pouvoir social détenu par les organisations criminelles et de leur sens moral et culturel essentiellement réactionnaire.

Les négociations de paix en Colombie sont enfermées dans le paradigme de la justice transitionnelle et garantissent la répétition du modèle conçu pour l'Amérique centrale, devant le silence de tous ceux qui savent que ce sera le prix à payer d'une paix sans justice.

Le rétablissement de relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba doit être plus qu'un simple échange de prisonniers accusés d'espionnage. Pour ce faire, un terme doit être mis au blocus économique, comme l'ont exigé l'Assemblée générale des Nations Unies, l'Organisation des Etats américains et presque toutes les organisations internationales.

Par ailleurs, dans des pays où nous pensions que les minorités indigènes allaient être protégées, nous faisons face à une augmentation sociale du racisme, ce qui engendre une montée en flèche de la pauvreté et de l'exclusion sociale. L'indien est à nouveau l'ennemi social et l'attaquer passe par la promotion de dirigeants politiques et sociaux en violation de leurs us et coutumes. Comme si cela ne suffisait pas qu'il soit pauvre, il est nécessaire de l'exclure et de l'incriminer.

Ainsi, au Chili, l'état d'exception est d'application depuis des années pour les Mapuches de la Neuvième région.

En Bolivie, les grandes avancées légales ne sont que de la poudre aux yeux : aucun des principes constitutionnels et juridiques en faveur des autochtones n'est d'application, que ce soit au niveau des tribunaux ou des autorités politiques. Des conflits comme celui du TIPNIS ou la persécution raciste à l'encontre des Guaranis du département de Tarija sont couverts par les autorités et les ministères publics, qui se comportent comme des institutions coloniales.

Ce ne sont que deux exemples de systèmes politique en apparence « différents » et « opposés ».

Il nous est donc difficile de commémorer l'origine théorique de ces fêtes de fin d'année : paix, justice, fraternité entre les Hommes et les peuples.

Nous pensons en revanche qu'il est nécessaire de s'engager pour la défense des libertés civiles, pour la paix et la fraternité.

Nous comptons donc sur toutes les personnes de bonne volonté, où qu'elles soient, et leur souhaitons que l'année 2015 signifie une année d'avancée dans la défense de ces principes.


Note spéciale pour l'Espagne :

Une loi portant atteinte à la liberté d'expression, promue par un important secteur de la presse espagnole, entrera en vigueur le 1er janvier 2015. Elle représente la continuité d'un courant de pensée réactionnaire, opposé à l'utilisation d'Internet et enclin à la criminalisation des activités liées à la liberté d'expression sur internet.

Cela avait débuté par la sanction brutale ordonnée, en 2000 déjà, par l'Agence espagnole de protection des données, qui avait infligé une amende de 60 millions de pesetas (environ 360.000 euros) à l'Association contre la torture en Espagne, entraînant la fermeture de son site web. La raison invoquée était la publication de jugements définitifs condamnant des guardias civiles pour des faits de torture. Le site web publiait évidemment les noms des condamnés. Avec cette sanction, l'Administration rompait violemment avec un principe de base de la condamnation, celui du sens symbolique de la publication du nom du condamné et de la peine, ce qui constitue la base doctrinale d'une justice républicaine et démocratique. Jadis, ce fut une victoire contre le pouvoir des monarchies absolues.

Depuis lors, l'insécurité juridique n'a cessé de s'accentuer, conséquence de l'absence de compréhension et d'appréhension des groupes politiques parlementaires de l'importance qualitative du développement d'outils sur Internet.

La situation s'est aggravée avec les pertes colossales subies par les grands groupes de presse espagnols, qu'ils associent uniquement à la diffusion d'informations sur Internet et pas à la planification irresponsable de leurs investissements, qui dépassaient de loin leurs actifs réels possibles et probables, ou à leur façon erronée de percevoir Internet, tant du point de vue de l'analyse de systèmes que de la modification qualitative du paradigme communicationnel.

Il faut ajouter à cela la position arriérée et mesquine du gouvernement actuel, qui ressent le besoin de contrôler la langue espagnole dans sa diffusion internationale, afin que l'Espagne régule non seulement l'édition papier, mais aussi l'édition numérique et sa distribution. Il s'agit en définitive d'un rêve colonial et impérial que l'on veut transposer aux nouvelles technologies et qui va jusqu'à toucher les thèses doctorales, c'est-à-dire la liberté de diffusion des connaissances scientifiques.

Au vu des nombreuses demandes de consultations que nous avons reçues, nous sommes dans l'obligation d'éclaircir certains points :

1) Depuis leur fondation en 1994, alors nous étions une des premières pages web parmi les 1.500 existant sur Internet, les domaines derechos.org - desaparecidos.org - equiponizkor.org et, à partir de 2004, radionizkor.org (parmi d'autres domaines que nous utilisons), ont leur domicile légal en Californie, aux Etats-Unis.

Ces domaines n'ont jamais été basés en Espagne ou en Europe, même temporairement. Par conséquent, ils ne sont pas concernés par la juridiction qui doit faire appliquer la loi en question et par la juriction espagnole.

Les serveurs que nous utilisons pour les activités électroniques sur Internet ont tout d'abord été basés au Texas et ensuite à San Francisco, en Californie, en dehors de la juridiction légale espagnole.

2) L'Equipo Nizkor en Espagne a modifié ses statuts en 2005, retirant de ses activités toute question liée à l'édition de documents de tout type, tant en papier qu'en numérique, et indiquant expressément que l'association espagnole n'était pas la propriétaire des domaines mentionnés ci-dessus. Toutes ses activités ont été transférées en Belgique, où elle produit également des documents audios, sous le statut d'une ASBL, sans aucun lien avec l'Espagne, où elle ne conserve que ses activités juridiques concernant des affaires en cours à l'Audiencia Nacional, ou devant d'autres tribunaux à propos des victimes du franquisme.

3) En novembre 2014, les activités en Espagne ont été encore plus réduites. Le nom légal a été modifié en Grupo de Estudios sobre Derecho Internacional (Groupe d'études sur le droit international) afin d'éviter toute fausse interprétation, limitant son activité sous la juridiction espagnole aux seules fins définies par le nom.

Par conséquent, notre activité dans le domaine des droits de l'homme se fait en dehors du territoire espagnol, que ce soit depuis la Belgique, la Grande-Bretagne, l'Argentine, la Colombie, les Etats-Unis, etc., et les activités liées à Internet se font toutes exclusivement sous la juridiction de l'Etat de Californie aux Etats-Unis, comme cela figure en toutes lettres depuis des années sur tous les documents que nous éditons et distribuons dans le cadre de nos activités d'analyse d'informations sur les libertés civiles et les droits de l'homme, toutes sans but de lucre.

Nous éclaircissons ces points afin de les porter à la connaissance du public.

Madrid, 31 décembre 2014


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