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21mar18
Soupçons de financement libyen : Nicolas Sarkozy mis en examen
L'ancien président de la République était entendu depuis mardi matin dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre sur les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Il a été mis en examen, notamment pour «corruption passive», et placé sous contrôle judiciaire.
Après deux jours de garde à vue, dans le cadre de l'enquête sur le présumé financement libyen de sa campagne électorale de 2007, Nicolas Sarkozy est sorti des locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), à Nanterre, et a pu regagner son domicile parisien mercredi soir. Selon une source judiciaire citée par l'AFP, l'ex-chef de l'État, qui nie les faits qui lui sont reprochés, a été mis en examen pour «corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens» et placé sous contrôle judiciaire. L'enquête a été ouverte au printemps 2013 pour détournement de fonds publics et corruption active et passive, et élargie, en janvier dernier, à des faits présumés de «financement illégal de campagne électorale».
Plusieurs ex-responsables libyens et l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine ont affirmé qu'un financement illégal de la campagne avait bien existé. D'autres dignitaires libyens ont démenti. L'ex-chef de l'État et plusieurs de ses proches ont toujours rejeté ces accusations. Entendu mardi en audition libre, l'ancien ministre de l'Intérieur et député européen LR, Brice Hortefeux, a écrit mardi soir après sa sortie des locaux de l'OCLCIFF: «Les précisions apportées doivent permettre de clore une succession d'erreurs et de mensonges.» La justice française cherche à entendre deux autres personnes dans ce dossier: l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, détenu au Royaume-Uni et qui refuse son extradition, et un ancien fidèle de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh, aujourd'hui en exil.
Le juge Tournaire mis en doute
Mercredi, comme cela avait été le cas la veille, les amis politiques de l'ancien chef de l'État ont multiplié les déclarations publiques de soutien. L'ancien premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a ainsi dénoncé une mise en scène «spectaculaire», ajoutant: «Dans les affaires politiques, notre justice ne semble pas sereine, (…) pourquoi tout ce spectacle? (…) La justice ne gagne rien à être spectaculaire, (…), (elle) apparaît nerveuse et ça, ce n'est pas bon pour la République». La présidente LR d'Île-de-France, Valérie Pécresse, a affirmé quant à elle qu'elle se méfiait «beaucoup du tribunal public et médiatique». Virginie Calmels, vice-présidente des Républicains, a rappelé la nécessité de «respecter le statut de président de la République, la personne et le contexte. (…) On n'est pas sur un individu dangereux, un individu qui pourrait s'enfuir». Et de rappeler que «beaucoup d'affaires» le visant s'étaient traduites «à la fin par rien».
Debout la France et le Front national se sont également interrogés mercredi sur cette garde à vue. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a souhaité que la justice «ne mette pas en scène des procédures contre des hommes politiques de droite». Il a estimé que cette garde à vue n'était «pas utile en termes de procédure». Et d'analyser: «Comme si on voulait quelque part nous refaire le coup Fillon, parce que l'affaire Fillon (… ) ce qui me surprend a posteriori (…) c'est que ce qui était urgent, essentiel, vital, au mois d'avril (2017), la justice a mis le dossier dans le placard, et on est un an après presque, et il n'y a rien eu de plus.» «J'ai envie de croire en la justice de mon pays et je ne peux pas m'empêcher de penser que cette justice se met en scène de manière parfois un peu partiale», a-t-il encore dit.
Pour sa part, Marine Le Pen s'est interrogée sur la «neutralité» du juge d'instruction Serge Tournaire, qui a déjà renvoyé en février 2017 l'ancien président devant le tribunal correctionnel dans l'affaire Bygmalion. «Nicolas Sarkozy est quelqu'un que j'ai beaucoup combattu sur le plan politique, a-t-elle déclaré, (mais) je suis choquée en tant qu'avocate que, quelle que soit l'affaire qui touche Nicolas Sarkozy, (…) c'est toujours le même juge d'instruction qui est désigné.» «Je considère que ça crée un problème et que ça crée un soupçon sur la neutralité de ce magistrat», a-t-elle ajouté.
[Source: Le Figaro, Paris, 21mar18]
Corruption and Organized Crime
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