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19juin15
Communiqué à l'occasion du début du procès oral dans l'affaire de Claudia Julieta Duque
Communiqué de presse :
Le procès dans l'affaire Claudia Julieta Duque débute en pleine campagne d'intimidation
- Le 24 juin 2015 débutera la phase orale du procès pour torture psychique aggravée à l'encontre de la journaliste Claudia Julieta Duque, correspondante de Radio Nizkor et représentante d'Equipo Nizkor en Colombie. L'audience préparatoire contre José Miguel Narváez, ancien sous-directeur du Département administratif de sécurité (DAS), désormais supprimé, et créateur et directeur fonctionnel du Groupe spécial de renseignements G-3, et contre Giancarlo Auqué de Silvestri et Enrique Alberto Ariza Rivas, anciens directeurs des renseignements de cet organisme, tous les deux en fuite, est prévue pour ce jour-là.
- On s'attend à ce qu'Auqué de Silvestri se présente et que le mandat d'arrêt à son encontre soit exécuté, puisqu'il a manifesté en avril être disposé à se rendre aux autorités qui, malgré qu'elles disposent d'un nouveau mandat d'arrêt et connaissent l'adresse du fugitif, n'ont rien fait pour rendre ce mandat d'arrêt effectif.
- Pour ce qui est d'Enrique Ariza, le Parquet a ordonné la délivrance d'une circulaire rouge qui, étonnamment, n'a pas été inclue dans la base de données d'Interpol, alors que cette entité en a accusé réception en octobre 2014. Ainsi, et étant donné qu'Enrique Ariza se trouve aux États-Unis et effectue des démarches pour obtenir la résidence et l'asile dans ce pays, le Tribunal nº2 pénal spécialisé - qui conduira l'affaire dans cette étape - a demandé au ministère des Relations Extérieures d'activer une demande d'extradition contre le fugitif.
- Ces dernières semaines, les poursuites, le harcèlement et les intimidations à l'encontre de Claudia Julieta Duque se sont intensifiés. Elle a reçu des renseignements fiables selon lesquels une attaque contre sa personne était en préparation, notamment à cause de l'activation des enquêtes du Parquet général de la Nation, qui confirment le travail de la journaliste sur le détournement de l'affaire sur l'assassinat de Jaime Garzón Forero, dans laquelle sont impliqués des hauts fonctionnaires de l'ancien DAS.
- Ces enquêtes trouvent leur origine dans un ordre du ministère public nº 9 de la Direction d'analyses et contextes (DINAC) (qui s'occupe de l'affaire de Claudia Julieta Duque), qui, l'année dernière, a découvert que le DAS n'avait jamais fait l'objet d'une enquête sur le montage qui a abouti à l'impunité dans l'affaire de Jaime Garzón.
- Le 16 juin 2015, dans les alentours des Tribunaux pénaux spécialisés de Bogota, où aura lieu la phase orale du procès, le véhicule blindé dans lequel se déplace la journaliste a été encerclé par une moto et un taxi. Cet acte grave d'intimidation aurait pu se terminer par une attaque directe si le conducteur de la moto n'avait pas fui quand il s'est rendu compte que Claudia Julieta était accompagnée de membres des Brigades de Paix internationales (PBI en anglais), organisation internationale qui met à disposition de la journaliste des accompagnateurs non armés depuis 2003.
- Le même jour, le ministère public nº 9 de la DINAC a clôturé l'étape d'enquête contre Ronal Harbey Rivera Rodríguez, ancien détective du G-3 et fonctionnaire en activité du ministère de la Migration, et contre Rodolfo Medina Alemán, ancien directeur de la contre-intelligence du DAS, lui aussi en fuite. Ils devraient donc être appelés à comparaître dans les prochaines semaines. Par ailleurs, il est prévu que d'autres membres du DAS, dont plusieurs sont des fonctionnaires en activité dans différentes entités de l'État, y compris le Parquet général de la Nation, qui auraient participé à la torture aggravée commise contre la journaliste, feront également l'objet d'investigations formelles.
- Rappelons qu'en novembre 2014, Claudia Julieta et sa famille ont été victimes d'intenses actes de harcèlement et d'intimidation, lorsqu'ont été révélés la capture de Rivera Rodríguez ; l'ordre d'enquête pour torture contre l'ancien président colombien Álvaro Uribe Vélez en tant que chef hiérarchique du DAS ; l'appel à comparaître en justice de quatre anciens hauts fonctionnaires du DAS, dont l'un (Carlos Alberto Arzayúz) a accepté les charges pour torture et est en attente d'un jugement anticipé ; et la condamnation prononcée contre Hugo Daney Ortíz, ancien sous-directeur d'opérations de renseignements du DAS, qui a également confessé sa responsabilité dans la torture et la persécution commise sur Claudia Julieta Duque.
- Le 22 décembre 2014, alors que notre correspondante rentrait en Colombie après avoir passé plusieurs mois à l'étranger, le conducteur mis à la disposition de Claudia Julieta et de sa fille dans la cadre du plan de sécurité, a reçu un appel d'un homme se faisant passer pour un membre de l'Unité nationale de protection (UNP), qui disposait de toutes les données du vol par lequel la journaliste rentrait au pays, ainsi que le numéro d'immatriculation du véhicule, le numéro de téléphone et d'autres données sur Claudia Julieta et sa famille. Par la suite, il s'est avéré qu'il s'agissait d'un faux fonctionnaire de l'UNP et cela constitue un acte d'intimidation de plus commis contre Duque et sa famille.
- Entre janvier et mars 2015, Claudia Julieta et son avocat, Víctor Javier Velásquez Gil, ont été victimes de poursuites et de harcèlement à plusieurs endroits de la capitale. Ces actes ont été portés à la connaissance des autorités et de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).
- En tant qu'organisation internationale travaillant en faveur des droits de l'homme, et conscients des risques que suppose cette affaire, la première du genre en Amérique latine et l'une des seules dans le monde, nous rendons une fois de plus responsables l'État colombien de toute détérioration de la situation sécuritaire de Claudia Julieta, de sa famille et de son avocat, Me Víctor Javier Veláquez Gil.
Equipo Nizkor, Charleroi et Bogota, 19 juin 2015
This document has been published on 19Jun15 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes. |