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12mar16

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Sept dirigeants sociaux et défenseurs des droits de l'homme assassinés en douze jours


Communiqué à l'opinion publique

Les derniers évènements survenus dans notre département et dans le pays nous conduisent à présumer que c'est la prison ou la mort qui attend ceux qui osent penser et lutter pour un pays différent. C'est la seule chose qui nous vient à l'esprit après le lâche assassinat de plusieurs dirigeants politiques et sociaux en plusieurs endroits de Colombie.

En seulement douze jours, sept dirigeants sociaux et défenseurs des droits de l'homme ont été assassinés :

  • Maricela Tombé, de l'Association paysanne et environnementale de Playarica Tambo - ASCAP et de la Coordinatrice nationale agricole - CNA, le 28 février 2016 à El Tambo, Cauca ;
  • Hernando Pérez Iriarte, dirigeant luttant pour la restitution des terres à Palmitos, Sucre ;
  • Wiliam Alexander Oime Alarcón, dirigeant autochtone de la réserve Río Blanco de Sotará, le 2 mars 2016 à Popayán, Cauca ;
  • Klaus Zapata, de la Jeunesse communiste de Soacha - Marcha Patriótica, le 6 mars 2016 à Soacha ;
  • William Castillo Chima, de l'Association des confréries agroécologiques et minières de Guamoco - AHERAMIGUA - Marcha Patriótica, le 7 mars 2016 à El Bagre, Antioquia ;
  • Milton Yesid Escobar Rodriguez, de l'Unión Patriótica - Marcha Patriótica, le 10 mars 2016 à Arauquita, Arauca ; et
  • Sharon Marmol Tellez, quatorze ans, fils d'un dirigeant de la Commission d'interlocution du sud et centre du Bolivar et du sud du Cesar, qui a été enlevé puis retrouvé mort, avec des signes de torture, le 11 mars 2016 à Santa Rosa, Bolívar.

Dans le département du Cauca, quatre de nos camarades - Rigoberto Guarin Vallejo, Jose Orlando Angen Quintero, Noreida del Carmen Trejos Bueno et Wilson Castrillon Candela - qui sont dirigeants et membres de ASTRAZONACAL (Association des travailleurs paysans de la zone de réserve paysanne de la localité de Caloto), FENSUAGRO CUT (Fédération nationale syndicale unitaire agricole), PUPSOC (Processus d'unité populaire du sud-ouest colombien) et Marcha Patriótica dans le département du Cauca, ainsi que quatre autochtones et paysans de la localité de Caloto, ont été récemment victimes de détentions arbitraires.

Toutes ces personnes, assassinées ou en détention, ont lutté inlassablement pour la paix, pour la démocratie et pour la justice sociale. Nos territoires et notre communauté ont le droit de vivre en paix. C'est pour cette raison que nous avons défendu et continuerons de défendre fermement le processus de dialogue qui se déroule entre le gouvernement national et les insurgés des FARC-EP, ainsi que la nécessité d'avancer dans les processus entamés avec l'ELN et l'EPL.

Après le refus du gouvernement national d'autoriser la participation de la société et de ses organisations à des processus de pédagogie de paix mis en avant par les FARC-EP, en l'absence d'espaces conjoints de pédagogie de paix mis en place par les délégations, et avec la conviction de travailler pour la paix doublée de justice sociale, nous insistons sur le droit des Colombiens à connaître les avancées et reculs du processus de paix qui se joue à La Havane, Cuba.

Un des points sur lequel un accord a été conclu à la table du dialogue concerne les cultures illicites. Dans ce domaine, il est incompréhensible que, alors qu'à La Havane des accords sont trouvés, sur nos territoires, la politique d'erradication forcée se poursuit, sans être accompagnée d'alternatives de remplacement ni de mesures garantissant le bien-être économique.

Dans ce contexte, en plus des actions que nous considérons malheureuses de la part de certains médias, et ayant déjà connu des incursions paramilitaires sur notre territoire, nous sommes en état d'alerte car nous craignons une violation des droits collectifs et individuels sur notre territoire.

Dans des moments comme celui-ci, alors que la stigmatisation des processus sociaux et populaires est quotidienne, alors que la crise humanitaire s'accentue dans nos localités, alors que le paramilitarisme se poursuit et se renforce au moment même où s'opère à La Havane le processus de paix, à propos duquel nous ne pouvons obtenir d'informations directes via ses protagonistes, nous devons montrer notre capacité d'organisation et de lutte. Avec toute notre détermination et toute notre force force, ce 13 mars 2016, nous descendrons dans les rues de Timba, localité de Buenos Aires, dans le Cauca, non loin de l'endroit où les insurgés des FARC-EP développe leur activité de pédagogie pour la paix, pour demander au gouvernement départemental et national :

1. Des garanties collectives et individuelles pour notre droit à exister en tant qu'opposition politique et à denoncer la guerre sale menée contre nos organisations et leurs dirigeants.

2. De suspendre l'erradication forcée des cultures illicites sur base des accords partiaux conclus et chercher avec la communauté des scénarios de concertation.

3. De pouvoir compter, au sein de notre territoire, sur une délégation des deux parties aux négociations (FARC-EP et gouvernement national).

4. De permettre à la société et à ses organisations de participer à un espace de réunion avec la délégation de paix des FARC-EP présente sur notre territoire, en tant qu'espace nécessaire pour poursuivre la mise en place d'une pédagogie qui nous permette de mieux connaître les avancées actuelles des dialogues et la possibilité d'un arrêt définitif de la confrontation armée.

Finalement, nous appelons tous les Colombiens et Colombiennes à se mobiliser pour la paix doublée de justice sociale et contre les politiques antisociales du gouvernement national.

Pour des garanties réelles pour l'exercice politique de l'opposition.
Pour la suspension de l'erradication forcée des cultures illicites.
Pour l'accès à l'information et à la paix doublée de justice sociale.

Timba, Buenos Aires, Cauca, 12 mars 2016

Comité interethnique pour la défense du territoire

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small logoThis document has been published on 15Apr16 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes.