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12oct16

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YPFB se sert d'une consultation falsifiant la juridiction autochtone promue par le ministère des Hydrocarbures


Les descendants de Malinche

Un "procès-verbal de consultation", pour lequel la décision des trente-six communautés que comprend la Terre communautaire d'origine Itika Guasu (TCO Itika Guasu) a été falsifiée, a été dressé dans le cadre d'une opération montée par la département juridique de l'entreprise pétrolière publique bolivienne (YPFB). Ce procès-verbal, soutenu par le ministère bolivien des Hydrocarbures et sur lequel apparaît la signature d'un nombre conséquent de fonctionnaires de ce ministère, inclut la signature de mineurs d'âge, l'argument étant que dans la tradition guarani, les enfants participent aux assemblées communautaires.

Cette action vient renforcer une attaque juridique sans merci dont le but expressément déclaré par l'entreprise pétrolière publique bolivienne est de détruire les autorités légales des commauntés guaranis. À cet effet, cette entreprise a autorisé des payements à la compagnie Shell qui violent la juridiction autochtone et la Constitution bolivienne.

Les avocats de la compagnie pétrolière savent parfaitement que cette consultation est entachée de nullité et qu'elle est non seulement inconstitutionnelle, mais également raciste, et qu'elle constitue une ingérence dans la juridiction autochtone.

La nouvelle politique pétrolière du gouvernement d'Evo Morales consiste à attaquer les organisations autochtones sur tout le territoire de l'État bolivien. Selon des sources proches du gouvernement, ces attaques seraient dirigées par le ministre Quintana, par le biais d'opérations secrètes qui serait menées sur tout le territoire, utilisant pour ce faire une logistique militaire.

Rappelons que ce fonctionnaire fut élève de la tristement célèbre École des Amériques et reçut des cours de contre-intelligence à Fort Bragg auxquels pouvaient assister uniquement des militaires latino-américains qui avaient toute la confiance des forces armées nord-américaines. Il fut aussi fonctionnaire de renseignement affecté au contrôle social sous la dictature de Banzer.

Pour ce qui est de la présente affaire, ce journaliste a eu accès aux documents conservés dans une institution judiciaire à Entre Ríos, dans la province O'Connor, où il s'avère que des faux (dans le sens le plus générique du mot) documents, sont présentés devant les tribunaux. Ces faux documents créent une fausse juridiction autochtone et supplantent de fait les autorités traditionnelles ; ils prétendent instaurer des "tribunaux autochtones" de manière totalement artificielle et illégale, aux mains de kapangas financés par l'entreprise pétrolière publique.

Ce qui est incroyable et terrifiant, c'est que des fonds publics sont utilisés pour mener à bien ce genre d'opérations contre les autochtones, telles que celles qui ont eu lieu dans le Tipnis, à Takovo Mora et sur tous les territoires guaranis. Maintenant, ils ont l'intention d'utiliser la même méthode pour le projet de centrale hydroélectrique Angosto de El Bala.

Au moins 28 des 36 communautés de la TCO Itika Guasu ont décidé de s'attaquer à cette situation. Pour ce faire, elles ont élaboré une résolution au sein de la juridiction autochtone ordinaire qui leur correspond territorialement et fait parvenir à toutes les autorités leur rejet de ce genre d'actions.

Cette résolution, à laquelle nous avons eu accès, tente de faire face à l'entreprise YPFB, qui a mobilisé des avocats et des employés de la compagnie Royal Dutch Shell, pour, de manière conjointe, planifier ces opérations directement.

Au cours des derniers jours, ils se sont réunis avec les fonctionnaires du sous-gouverneur Walter Ferrufino, celui-là même que l'APG IG dénonce depuis des années, afin de planifier de nouvelles actions, totalement illégales, contre le peuple guarani de la TCO Itika Guasu.

Les actions secrètes et illégales du gouvernement concernant les affaires autochtones ne figurent dans aucun média en Bolivie. Cela a pour effet de rendre invisible socialement la gravité des faits et les responsabilités qui se dégagent, et ce, malgré la campagne gouvernementale qui considère que certains médias constituent une mafia liguée contre le gouvernement, que ce dernier a appelé "le cartel du mensonge".

Des hauts fonctionnaires de YPFB font pression sur les juges et les procureurs de toutes les juridictions se rapportant aux autochtones, y compris la Cour constitutionnelle, afin de soutenir ces actions illégales. Il convient de souligner que ces actions ne sont pas réalisées dans le cadre de la procédure ordinaire, mais qu'elles sont parfaitement connues de tous les fonctionnaires et employés des organismes judiciaires ; il existe de nombreux témoignages, car il s'agit d'une pratique habituelle dans toute la juridiction bolivienne ordinaire.

Selon des hauts fonctionnaires de YPFB, l'exploitation pétrolière de la Bolivie, c'est-à-dire la sécurité nationale, est en jeu, et il est nécessaire de détruire les organisations autochtones qui font du chantage au gouvernement, pour reprendre les mots du président bolivien Evo Morales.

Si l'on extrapole à l'extrême, non seulement les ressources publiques seront utilisés contre les autochtones, mais la Constitution politique de l'État sera elle-même lettre morte et deviendra un obstacle à l'exploitation du gaz, du pétrole et des autres ressources naturelles.

[Source: Par Irandey Tupapire, Radio Nizkor, La Paz, 12oct16]

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